Cher vieux Nice ! est un poème qui vante la beauté de la cité des anges.
Cher Vieux Nice ! en gardant ton aspect séculaire,
Dédaigneux du « progrès », tu t’assures de plaire
A l’artiste qui cherche à retrouver, écrit
Sur les murs délabrés des antiques demeures,
Dont le faîte s’incline et dont les pierres meurent,
La révélation d’un passé qui l’éclaire.
Une marmaille heureuse y court sur les pavés
De brique, doux au pied et dont les tons lavés
Se fondent au soleil en une gamme claire.
Un peuple bon enfant sourit au promeneur
Que croisent l’âne errant et le chien maraudeur,
Hôtes toujours fêtés de ces étroites rues
Où des pigeons, soudain dégringolés des nues,
Mirent dans les ruisseaux leur ventre chatoyant
Pour reprendre aussitôt leur vol tourbillonnant !
Que peut-on vendre au fond de ces boutiques noires
Où l’on surprend, caché dans l’ombre, le trésor
D’une fine beauté dont les prunelles d’or
Brillent fiévreusement dans un masque d’ivoire,
Quelque plante de vie ou quelque talisman ?
A moins que ce ne soit, mon Dieu ! tout simplement
Des choses dont il faut que l’homme se nourrisse !
Même s’il est demain frappé de défaveur
Ne permettons jamais que ce quartier périsse
Qui, dans sa vétusté, conserve sa grandeur.
Nous y viendrons souvent, lorsqu’ailleurs se déchaîne
Un tumulte joyeux qui fait ce lieu désert,
Rêver, l’oreille ouverte au triste et doux concert
Qu’élève en jaillissant l’onde de ses fontaines !
Cher vieux Nice ! est un extrait du livre “A la Gloire de Nice” de Georges Bonnamour.