En train à vapeur de Nice à Grasse est un récit qui relate le parcours emprunté par la compagnie du chemin de fer du Sud.
» Nous traversons la jolie gare du chemin de fer du Sud, située avenue Malausséna, et nous nous installons dans un des élégants wagons de ladite Compagnie.
Stridents coups de sifflet — le train s’ébranle, la machine gémit, souffle, crache, et nous voilà, franchissant le ravin de la Mantega, atteignant le village de la Madeleine, le hameau de St-Isidore.
Notre train ondule gracieusement au milieu d’une verdure luxuriante, s’engouffre dans les tunnels.
Le parcours, véritable kaléidoscope, déroule à nos yeux émerveillés des sites variés d’un pittoresque enchanteur : plaines riantes, collines ensoleillées, escarpements couronnés de châteaux en ruines protégeant des villages semblables à des nids d’oiseaux de proie.
Le Var s’élargit, s’élargit, s’élargit, prend une allure superbe, rendant ainsi plus vaste encore l’horizon où se silhouette Lingostière, où se profilent les ruines de l’ancien palais des Templiers à La Gaude, le château et le haut clocher de Gattières, Carros avec sa vieille église et son antique manoir.
Puis, vient Le Broc avec son hospice du XVème siècle et son église Renaissance.
Nous faisons halte à la station de Colomars. Ici, la vue est, incomparablement de toute beauté.
Nous brûlons les petites gares où le paysage est cependant plein de séductions.
Nous nous arrêtons quelques heures à Vence, et nous revoyons avec un vif plaisir sa vieille cathédrale aux splendides stalles sculptées du XV siècle.
Nous arrivons à Tourrettes-sur-Loup et nous visitons ses trois tours, ses vieux murs de défense et ses maisons du XVème siècle.
Nous franchissons les Gorges du Loup, si justement en grand renom. Le train glisse, sur un viaduc qui fait l’admiration des voyageurs.
Les eaux limpides de la rivière du Loup coulent capricieusement, du Nord au Sud, sur un lit rocailleux, au fond de ce ravin qui se présente comme une immense fissure dans le roc sur une longueur de plus de deux lieues.
A l’entrée de celle profonde vallée, sur un monticule, on aperçoit le bourg du Bar.
Gourdon possède une vieille forteresse et une église du XIIème siècle, puis c’est Magagnosc et enfin nous arrivons à Grasse. »
En train à vapeur de Nice à Grasse est un texte découvert dans le livre « Stations de la Méditerranée et environs » de Léon Sarty, publié entre 1900 et 1910.