Le Paillon de Théodore de Banville s”inspire de lettres écrites par cet écrivain sur ce fleuve côtier dont le calme n’est qu’apparent.
” Dans son recueil de lettres intitulé, “La mer de Nice”, l’écrivain Théodoe de Banville écrit que “le torrent Paillon, ce torrent furieux qui, par parenthèse n’existe pas, est aussi inexorablement célèbre dans l’univers que la cascade où se reflètent les élégants sapins du bois de Boulogne. »
Un Paillon indolent
Il devait revenir sur l’idée qu’il s’était faite sur l’inexistence du Paillon. Il s’en moque un peu lorsqu’il nous parle dès marchandes de fruits et de légumes, qui placent leurs tréteaux au beau milieu du sable, sur lequel est censé rouler le torrent Paillon si inutilement emprisonné par des quais magnifiques.
Ce torrent, ce fleuve dont la prétendue présence justifie seule celle d’un vieux pont et celle d’un pont neuf récemment construit, ne possède pas une seule goutte d’eau et son sable déchiré par la soif appelle avec anxiété un jour de pluie.
il se déclare « irrité et humilié d’entendre appeller torrent un cours d’eau purement idéal », et il se permet contre le discret Paillon quelques-unes des plaisanteries si fréquemment usitées à propos de la rivière espagnole Mançanarez.
Il ajoute bien : « Les Niçois m’ont répondu que j’avais bien tort de rire et qu’à certains jours le Paillon existait à l’état de torrent sauvage, furieux et déchaîné » ; mais il demeure sceptique et il déclare que le Paillon lui est apparu comme un fleuve abstrait et purement mythique.
Qu’aurait-il dit s’il avait eu connaissance des vieilles gravures du XVIème siècle qui nous montrent le Paillon navigable, parcouru, non seulement par des barques, mais par de véritables galères.
Un Paillon en furie
Dans sa lettre du 28 janvier 1860, il devient croyant ! Il fait amende honorable, et il s’écrie :
” Le Paillon existe!
Il y a bientôt deux semaines les neiges ont fondu, elles ont dévalé du haut des montagnes et le torrent impétueux, farouche, roulant de la fange et des cailloux dans ses eaux bourbeuses couvrait les ponts, les quais de pierre et se prépicipait dans la mer avec un fracas horrible!…
C’était la nuit, mais il aurait fallu dormir du sommeil de Frédéric Barberousse, attaquant Nice en 1543, pour ne pas entendre le bruit de la mer qui ressemblait à des coups de canon mêlés à des sanglots et à des mugissements.”
Le Paillon de Théodore de Banville est un texte issu d’un conférence donnée par M. Saqui, directeur des musées de la ville de Nice. Son compte-rendu figure dans le journal “L’Eclaireur du dimanche” du 22 juillet 1928.