Le prisonnier en liberté de Monaco est le quatrième épisode d’un feuilleton de Passion Riviera qui reprend un texte plein d’humour du dramaturge français Georges Courteline.
» Si bon marché que fût la location de la guillotine, c’était encore trop lourd pour le prince de Monaco qui a des principes d’économie, ayant été élevée par une mère prudente.
On se retourna donc du côté de la France qui demanda d’abord douze mille francs et, après divers pourparlers, consentit à rabattre trente sous.
Le prince offrit de transiger pour vingt-sept francs, mais voyant son offre repoussée, il prit le parti de commuer la peine du coupable en celle de la détention perpétuelle.
Ledit coupable vécut quelques semaines, occupé seulement à bailler, à manger, à boire, à dormir, à jouer au piquet avec son gardien, et ainsi jusqu’au jour où celui-ci, ayant eu une visite à faire et ne lui ayant point apporté son repas, il se vit obligé de faire sauter sa serrure avec la pointe de son couteau et d’aller dîner à l’hôtel. Le hasard voulut qu’il se trouvât placé à table près du procureur général.
– Que diable faites-vous là ? demanda ce magistrat avec une certaine surprise.
– Mon cher, dit l’autre, c’est un peu raide, on me flanque un géôlier qui va voir des femmes au lieu de m’apporter à manger.
– Pas possible, dit le procureur.
– C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire. Alors ma foi, j’ai pris la permission de filer. Je ne peux pourtant pas crever de faim.
– Tout ça, c’est très gentil, reprit le procureur général, mais on ne vous a pas condamné à la détention perpétuelle pour que vous alliez dîner au restaurant. Vous allez me faire le plaisir de rentrer dès que vous aurez pris votre café.
– Soyez tranquille c’était mon intention.
Il rentra, en effet, et il se renferma entre ses quatre murs, non sans s’être verrouillé avec soin, en dedans. »
Le prisonnier en liberté de Monaco se poursuit avec l’épisode « Le prisonnier sans gardien de Monaco » du feuilleton de Passion Riviera inspiré par Georges Courteline.