Rivalités sur la Côte d’azur est une histoire qui raconte comment Nice, Cannes et Menton se disputent les touristes.
» Pour les villes postiches de la Côte d’azur qui vivent de l’étranger, la ville, ou boutique voisine capable d’attirer le chaland est une spoliatrice et une envieuse.
Ainsi, suivant l’opinion de Cannes et de Menton, Nice est une ville abominable, une ville de perdition, ou il ne se trouve que des gens de peu et des femmes tarées, où l’air est pernicieux pour les bien portants et décisif contre les malades.
Suivant l’opinion de Nice, Cannes et Menton sont des hôpitaux mal tenus, où il ne vient que des personnages empaillés ou bien près de l’être, où les gens se partagent en coteries jalouses et étroites, où les malades respirent un ennui mortel, où, par suite, les gens bien portants ne peuvent manquer de tomber malades.
Pour Cannes, Menton n’est qu’une affreuse clinique, où l’on envoie les condamnés.
Pour Menton, Cannes est quelque chose comme le charnier des Innocents.
Toutes les deux se réunissent dans la même opinion sur Monte-Carlo.
Monte-Carlo, naturellement, il n’en faut point parler ; autant entrer dans la fournaise et dans le septième cercle de l’enfer.
Quant à moi, je ne me laisse pas influencer, et j’y vais à peu près tous les jours pour m’y rencontrer avec tous ceux qui viennent se reposer de Nice et de Menton, et comme tous ces gens-là, je m’en trouve bien.
Mais, tout bien considéré, de toutes les villes, celle que je préfère à tous égards, quoiqu’on se soit permis d’en dire bien du mal, eh bien, c’est Paris. »
Rivalités sur la Côte d’azur est un texte extrait du livre « La comédie de notre temps » de Bertall, publié en 1874-1876.