La duchesse de Berry à Sestri est un récit qui raconte son séjour dans cette ville alors qu’elle vivait en exil après la chute de Charles X.
» A l’instant même où j’appris que Madame la duchesse de Berry voyageait en Italie , j’eus la pensée d’aller mettre mes hommages à ses pieds , ce fut un besoin de mon âme.
La duchesse de Berry en exil
Madame était à Sestri, bourg à dix lieues environ de Gênes ; elle prenait là les bains de mer.
J’arrivai a Sestri, et je vis Madame.
On m’avait dit qu’à l’aspect d’un Français , elle éprouvait toujours une émotion visible : il me fut facile de le reconnaître.
Pour moi, je ressentis une vive émotion. Madame était revêtue d’une robe noire, et je me rappelai, en la voyant, ces promenades solitaires sur la terrasse des Tuileries, lorsque, couverte de ses longs habits de deuil , elle portait dans son sein l’enfant qui ne devait point connaître son père, mais qui devait recevoir le nom d’enfant de France.
Le lendemain, j’eus l’honneur dé dîner avec Madame, et, je le dirai sans détour, ce dîner eût paru d’une bien étrange simplicité dans les hôtels de la Chaussée-d’Antin où chez les ministres d’un gouvernement à bon marché.
Des bontés à Sestri
Madame a renoncé sans peine à tout le faste des cours et de ses habitudes royales ; elle n’en a conservé qu’une seule dans son exil, celle de faire le bien et de verser partout des trésors de charité.
J’ai été témoin de ses bienfaits; je l’ai vu heureuse surtout de secourir des Français malheureux.
J’assistai à son départ de Sestri, toute la population se pressait autour d’elle et lui donnait des marques du plus profond respect.
Madame la duchesse de Berry monta en voiture ; ses derniers regards s’arrêtèrent sur quelques Français qui se trouvaient sur son passage. »
La duchesse de Berry à Sestri est un extrait d’une lettre de M. le vicomte Félix de Conny à M. le rédacteur de « la Quotidienne ». Elle est datée du 2 août 1831.