La dame aux ouistitis de Nice est un récit qui relate les exploits d’une célèbre souris d’hôtel.
« Deux inspecteurs de la Sûreté générale, MM. Benoit et Hennique, du service de la brigade volante de M. Sébille, viennent d’arrêter à Nice une femme encore très jolie et excessivement élégante, bien connue sut le littoral sous le nom de comtesse de Monteil.
Voleuse recherchée
Elle se faisait aussi parfois appeler comtesse de Manola. En réalité, elle s’appelle Amélie Condemine, et est née à Mâcon d’une famille très honorable.
Elle partit le mois dernier pour Mâcon, où elle allait voir sa mère.
De là elle se rendit à Cannes, puis à Nice. Elle y descendit dans l’un des plus luxueux hôtels de la promenade des Anglais.
Mais la fausse comtesse est très connue de la Sûreté générale. Et nous pouvons ajouter qu’on l’y considère comme la plus habile souris d’hôtel du monde entier.
Jusqu’à présent, on n’avait pu arriver la prendre, parce qu’elle séjourne peu dans les mêmes endroits, et qu’il était difficile de la suivre dans tous ses déplacements, elle n’opérait d’ailleurs que lorsqu’une bonne occasion se présentait.
Dès que la présence de la fausse comtesse fut signalée à Nice, deux inspecteurs partirent et furent assez heureux pour pincer presque immédiatement la souris d’hôtel dans l’exercice de ses fonctions.
Voleuse arrêtée
Dans la nuit de vendredi à samedi, Amélie Condemine sortait de sa chambre ayant revêtu le costume spécial des rats d’hôtel, qui se compose d’un maillot noir pour les hommes, et pour les femmes, d’un tricot de laine noir, d’un jupon court noir et très collant et de sandales de feutres. Un voile noir couvre la tête.
Arrivée devant la porte d’une chambre occupée par M. et Mme X., riches étrangers en déplacement sur le littoral, Amélie Condemine sortit de la poche de son jupon un ouistiti, instrument particulier aux rats d’hôtel », et commençait à ouvrir sans bruit la porte de M. et Mme X. lorsque les deux inspecteurs surgirent tout à coup et l’arrêtèrent.
Conduite au commissariat, elle fut interrogée longuement durant la journée du samedi.
Elle commença par nier mais on lui montra le résultat de la perquisition qui avait été opérée dans sa chambre, et dès lors elle se contenta de ne plus répondre aux questions qu’on lui posait.
Cette perquisition avait amené la découverte de tout l’attirail nécessaire aux rats d’hôtel, ainsi qu’une liste d’hôtels avec le plan des chambres. De plus, la police avait saisi de nombreux et très beaux bijoux et une somme de 4.000 francs.
On a des raisons de croire que la fausse comtesse était le chef d’une bande parfaitement organisée.
Et elle était en relations avec au moins l’un des trois rats d’hôtel arrêtés dernièrement à San Remo. »
La dame aux ouistitis de Nice est un texte extrait du journal « L’Ouest-Éclair » du 11 mars 1908.