L’âne de la Reine Victoria à Nice rappelle que l’âne Jacquot promenait tous les jours sa souveraine pour le bonheur de ses petits-enfants.
» C’était une des plus douces joies de la reine Victoria que cette promenade quotidienne dans le parc de la villa Liserb à Nice.
Elle s’y faisait conduire dans sa « poney-chaise », traînée par Jacquot, l’âne légendaire, que surveillait gravement le serviteur hindou dont le costume aux couleurs ardentes tranchait sur la verdure comme une fleur monstrueuse.
Sans hâle et sans cahots, avec des précautions extrêmes, ce petit équipage s’avançait à travers les allées qu’ombrageaient de leurs chevelures luxuriantes les oliviers, les pins et les eucalyptus.
La Reine qui tenait les guides pour la forme, cherchait du regard ses petits-enfants habituellement tapis dans les corbeilles de fleurs ou cachés derrière les arbres.
Ils étaient heureux de recommencer éternellement l’innocent complot d’une surprise — toujours la même — qu’ils tramaient contre leur grand-mère qui consistait à surgir brusquement autour d’elle.
Parfois c’était un volant, un cerceau, qui venait s’égarer dans les jambes de Jacquot.
— « Jacquot arrête-toi ! » criaient les petits.
Et Jacquot bienveillant s’arrêtait, d’autant qu’il comptait avec raison que sa patience serait récompensée d’un bout de sucre. »
L’âne de la Reine Victoria à Nice est un des moments intimes de la famille royale anglaise raconté par Xavier Paoli dans son livre « Leurs Majestés « , publié en 1912.