Un acteur devient prince de Monaco relate les tribulations de Florestan de Grimaldi avant qu’il n’accède au trône.
« Florestan eut le malheur de n’être point, comme son frère, le feu Honoré V, l’enfant gâté de la famille. Jeune encore, il fut en quelque sorte abandonné sans ressource à lui-même.
Un jour, dit-on, le jeune Florestan parcourant à pied, et pour cause, la longue route qui sépare Paris de Bordeaux, aida plusieurs personnes qui faisaient de vains efforts pour tirer d’un bourbier leur immense carriole.
Cette carriole portait toute la fortune et toute la troupe d’un directeur de spectacle ambulant, qui, par reconnaissance, offrit au futur prince une place à son foyer, place que celui-ci n’eut garde de refuser, et l’on put bientôt voir en comparse, dans de petites salles de théâtre, improvisées tant bien que mal, le descendant princier de la grande famille des Grimaldi.
Florestan ne tarda pas à apparaître sur une plus grande scène, et bien des acteurs se rappellent l’avoir vu figurer en qualité de chef des comparses à la Gaîté et à l’Ambigu-Comique.
» Là, il coiffait les diadèmes des rois, les couronnes impériales.
« Florestan, aimé de tous ses compagnons, qui surent apprécier l’affabilité de son caractère, l’énergie de sa résolution, se maria avec une actrice, et vécut simplement, sans faste, sans éclat, jusqu’au jour où on vint lui dire, très sérieusement pour cette fois, que le trône le réclamait. »
C’était le 3 octobre 1845, et M. de Grimaldi, devenu Florestan 1er, succédait à Honoré V.
Un acteur devient prince de Monaco est une histoire qui figure dans le tome 61 du Dictionnaire de la Conversion et de la Lecture paru en 1847. La tradition perdure avec l’Opéra de Monte-Carlo et le Théâtre Princesse Grace.