La Traviata arrêtée à Nice raconte une anecdote survenue lors de la représentation de cet opéra de Verdi en présence de deux empereurs.
« L’empereur de Russie, Alexandre II, était venu à Nice pour voir son fils, le Tsarevich, malade à la villa Bermond.
Le tsar à Nice
Le 23 octobre 1864, le Tsar assiste à une représentation de la Traviata, au théâtre municipal, et il donne à plusieurs reprises le signal des applaudissements.
Cinq jours après, dans la la même loge, prennent place le Tsar et Napoléon III.
L’empereur Napoléon III arriva à Nice le 26 octobre.
Le lendemain, il s’apprêtait à recevoir les autorités, losque l’empereur Aleandre, prévenant sa visite, arriva à la Préfecture.
Leur entrevue dura une demie heure : Napoléon III la rendit aussitôt et il ne resta pas moins de deux heures avec le Tsar, à la villa Bermond.
Le soir du 28 octobre, la municipalité offre un spectacle de gala aux deux souverains.
Le théâtre avait été abondamment décoré ; la façade brillament illuminée et pavoisée aux couleurs des deux nations.
La loge impériale surtout était revêtue de belles tapisseries.
Les fleurs garnissaient l’escalier qui conduisait et le salon qui la précédait. Alphonse Karr collabora même à l’éclat de cette soirée. En effet, sur la table, au milieu de ce salon, se dressait une magnifique corbeille de fleurs, commandée par la municipalité niçoise au poète-jardinier, et celui-ci avait fait un chef d’œuvre.
Fleurs sur le théâtre municipal
Les cent-gardes, rigides comme des statues, s’alignaient des deux côtés de l’escalier parmi les massifs de plantes rares.
Ce soir-là, la salle est superbe. Les loges, les stalles, le parterre même sont occupés par des dames en grande toilette, décolletées.
Napoléon III arriva à 8 heures, et l’air national, la Reine Hortense, salue son apparition.
Un quart d’heure après arrive l’empreur Alexandre II ; Napoléon III lui fait les honneurs de la loge impériale.
La représentation de la Traviata était commencée. On interrompt le 1er acte et l’orchestre joue l’hymne russe pendant que le public pousse des acclamations.
Alexandre II se place à la droite de Napoléon III, et la Traviata reprend son cours.
Un témoin occulaire constate que pendant la représentation les deux souverains ont fréquemment échange la parole et que le sourire était souvent sur leurs lèvres.
Les souverains ont quitté le théâtre à dix heures et demie, et le dernier acte de la Traviata n’a plus offert aucun intérêt après leur départ. Tout est relatif, même les œuvres d’art.
La foule massée dans la rue St-François-de Paule a fait une ovation aux deux empereurs à leur sortie. »
La Traviata arrêtée à Nice est un récit extrait du journal « La Semaine niçoise » du 25 février 1899.