Entremetteuse à Monaco est une histoire qui dévoile les activités peu recommandables d’une ancienne joueuse du Casino de Monte Carlo.
» Qui ne connaît, à Monte-Carlo, Mme Mendetz, que tout le monde, en ces lieux, appelle « Flora » tout court ? Flora fait partie de l’histoire de Monte-Carlo, où elle est établie depuis plus de trente ans.
Joueuse au Casino hier
Elle était jadis joueuse, comme chacun l’est dans ce pays, mais depuis plus de quinze ans, elle ne jouait plus.
Elle avait compris à temps qu’une femme ne peut jouer à Monte-Carlo, que si elle est jeune et jolie ; car, parmi les joueurs, on peut toujours trouver une poire qui fournira volontiers quelques jetons en échange de quelque faveur…
Mais une vieille femme ne peut plus tenir que le rôle de mascotte.
Aussi notre Flora, qui atteint la soixantaine, s’arrangeait-elle pour trouver de l’argent autrement.
Entremetteuse aujourd’hui
Très connue et particulièrement de la clientèle du Casino venue d’Autriche, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, etc. Elle rendait à ses relations des services d’un genre différent, eu égard aux besoins de chacun.
Aux hommes, moyennant finance, elle présentait des femmes disponibles, le plus souvent des joueuses ayant perdu presque tout leur avoir et désirant trouver un ami capable de les renflouer.
Flora avait aidé auparavant ces décavées à engager leurs bijoux, fourrures, etc.. chose peu facile à Monte-Carlo.
Dans l’affaire, agences du mont-de-piété, acheteurs et emprunteurs se trouvaient les obligés de Flora.
Flora devint très populaire. Elle réussit même à réunir un petit capital qui lui permit-de consentir en personne — et, bien entendu, rien qu’aux gens solvables — des prêts contre de simples « bons ».
Son entreprise devait bien marcher, car on a rencontré tout récemment Flora se pavanant couverte de bijoux, et de vrais bijoux, chose devenue bien rare à Monte-Carlo !
Las ! La pauvre Flora finira donc comme recluse à la maison d’arrêt.
Détenue demain
Toute sa clientèle la pleurera sincèrement, car bien des personnes ont risqué sur le tapis vert leurs dernières pesetas, en se disant : « Flora est là… je pourrai toujours avoir recours à elle… »
Parmi cette clientèle d’élite, la plus affligée des obligées de Flora est assurément Mme Golfiéri-Sulzberger, la joueuse la plus enragée que Monte-Carlo ait jamais connue ! Cette dame avait été la plus importante cliente de Flora.
La fameuse Georgina Pasquiero, aujourd’hui princesse Max de Hohenlohe-Langenbùrg, fut aussi une cliente attitrée de l’illustre Flora.
Le seul personnage qui soit satisfait de savoir Flora sous les verrous, car elle était pour lui une dangereuse concurrente, est un gros Espagnol, le sieur Soria, qui, depuis longtemps, se livre au même métier que la fameuse Autrichienne, mais d’une manière beaucoup plus ignoble.
Quand Monte-Carlo sera-t-il débarrassé de ce troisième larron ? «
Entremetteuse à Monaco est un texte tiré du journal « Écoutez-moi » du 4 août 1934.