La messe des offertes à Villefranche est un récit qui raconte une tradition populaire qui engage les différentes corporations de la ville.
» Dans l’église du port de Saint-Jean, commune de Villefranche, dans les Alpes-Maritimes a lieu, au moment de la messe de minuit, une curieuse cérémonie.
Elle fut célébrée à la Noël de 1887, et avec éclat.
A un certain moment de la messe de minuit, que les gens du pays appellent la messe des offertes, le curé s’assied sur une espèce de trône placé devant l’autel, et il tient dans ses bras un enfant nouveau-né, ou tout au moins aussi jeune que possible.
Un vieux patron pêcheur et un jeune mousse arrivent alors, et is engagent entre eux un dialogue sur un thème fixé d’avance et formulé en vers niçois.
Lorsqu’il est fini, l’un des deux interlocuteurs sort de l’église, et bientôt il y rentre suivi d’une sorte de procession.
A la tête sont les pêcheurs qui chantent un chœur et portent des filets et un petit bateau symbolique.
Quelques-uns ont des corbeilles remplies de poisson, qu’ils déposent aux pieds du curé ; ils sont suivis par les bergers qui offrent un mouton blanc, par les chasseurs qui font une offrande de gibier, puis viennent les autres corporations locales qui apportent aussi leur petit présent.
Lorsque le défilé est fini, le curé se lève de son trône, remet l’enfant à sa mère ou à sa nourrice, puis il achève la messe.
La même cérémonie se pratiquait, il y a cinquante ans, dans plusieurs paroisses de notre littoral, notamment à Saint-Pierre d’Arène, petite église de l’ancien faubourg de Nice, qui remplaça celle du grand couvent de Sainte-Croix.
Aujourd’hui encore, dans les environs de Menton, l’offerte de l’agneau blanc par les bergers se pratique à la messe de minuit, mais c’est à Saint-Jean seulement que la cérémonie a lieu en grande pompe, avec des costumes adaptés à la circonstance et de multiples offrandes. »
La messe des offertes à Villefranche est un texte extrait de la « Revue des Traditions populaires » de janvier 1888.