Le Christophe Colomb de Cannes est un texte qui rappelle le rôle majeur de Lord Brougham dans l’essor de cette ville de la Riviera.
” Lord Brougham est quelque chose comme le Christophe Colomb de Cannes.
Il aborda vers 1831.
La bourgade de Cannes
Ce n’était alors qu’une humble bourgade de pêcheurs, mais les environs étaient ce qu’ils ont toujours été : splendides.
Ils frappèrent vivement l’attention de l’honorable lord chancelier, qui après une carrière politique des plus agitées, aspirait après le repos, et était en quête d’une retraite agréable et pittoresque.
Cannes lui convint, et il s’y installa. Il acheta autant de terrains qu’il voulut, fit planter des jardins et bâtir des villas. Une des plus célèbres s’appelle le château d’Eléonore-Louise.
On connait les Anglais : ils sont assez moutonniers. L’exemple de lord Brougham ne tarda pas à agir sur leur imagination paresseuse.
Ils arrivèrent à Cannes, non sans méfiance d’abord, car leur illustre compatriote avait la réputation, parfaitement justifiée, d’un original, d’un excentrique.
Mais cette fois lord Brougham n’avait mystifié personne : Cannes était un séjour délicieux.
La colonie anglaise de Cannes
De nouvelles villas s’élevèrent ; à présent, il y en a à ne pouvoir les compter.
Lord Brougham a passé à Cannes les dernières années de sa verte vieillesse. Il était le centre de la colonie anglaise. Les hommes importants de toutes les nations venaient lui rendre visite.
Très fantasque personnage, abondant en saillies spirituelles et aussi en brusques boutades à la manière des gens de son île, il était aussi plein de sympathie pour la France. Exalté par la révolution de 1848, il avait sollicité du gouvernement provisoire le titre de citoyen français.
Jusqu’en 1869, la reconnaissance des gens de Cannes avait négligé les occasions de se manifester publiquement.
A cette date seulement, un buste de lord Brougham fut érigé sur la promenade principale, dans le square qui porte son nom.
Puis, le buste a fait place à une statue en bronze.”
Le Christophe Colomb de Cannes est un texte du livre “Portraits contemporains” de Charles Monselet, publié en 1888.