L’eau-de-vie de Lantosque est une histoire qui raconte un épisode de la lutte entre les barbets niçois et les soldats français de la Révolution.
« Dans une pauvre maison, située près de Lantosque, étaient restées une femme et ses deux filles.
Le père de famille et son fils couraient la montagne avec les barbets à la chasse des Français, pour défendre le comté de Nice. Ils étaient doués, dit Alexandre Dumas, d’une force herculéenne.
Or, par une soirée brumeuse de novembre 1794, dix éclaireurs Français surpris par la neige et par la pluie, frappèrent à la porte de la maison.
La mère, après avoir caché ses filles, se hasarda à ouvrir.
Avez-vous quelque chose à nous donner dit le sergent, allons dépêchez-vous.
- Vous savez que nous n’avons plus rien dans ce pays-ci ; je vais vous offrir du peu qui nous reste.
Et elle tire de l’armoire du pain dur comme la pierre, puis une sorte de chose qui ressemblait à du fromage.
Elle mit quelques fascines dans l’âtre, et chacun se blottit là comme il put.
La conversation s’engagea entre le sergent et la femme qui eut l’imprudence de parler de ses filles.
Les soldats demandèrent aussitôt où elles étaient, et voilà qu’ils font du tapage.
Les filles s’élançaient de la fenêtre en fuyant, lorsque entrèrent le père et le fils.
Les soldats restent interdits à la vue de ces rudes montagnards qui portaient leur fusil en bandoulière, et avaient, sous leur large chapeau, une figure qui imposait.
Femme, dit le père, en regardant les éclaireurs français, as-tu donné à ces braves ce qu’ils te demandent.
- Oui, tout ce que j’avais, mais…
Allons, va chercher tout ce que tu as de mieux dans la cachette.
Le sergent ne soufflait mot, les autres soldats se félicitaient d’avoir si bien rencontré.
L’eau-de-vie arrive.
Le Lantosquin verse rasade sur rasade et trinque avec eux, jusqu’à ce que les soldats tombent d’ivresse.
Oh maintenant, écoutez.
Le père et le fils s’arment chacun d’une hache, abattent l’un après l’autre la tête de ces infortunés, et les jettent dans le gouffre à côté.
En une heure tout fut expédié. »
L’eau-de-vie de Lantosque est un texte tiré du livre « Mémoires pour servir à l’histoire de Contes » de l’abbé Antoine Cauvin, publié en 1885.
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