La darse de Nice est un récit qui raconte l’histoire de l’ancien port de la cité.
» Il n’était pas de mois que le littoral niçois ne fût infesté par les pirates sarrasins. De plus, les marins et les marchands de la ville souffraient du despotisme des Génois et des Pisans, maîtres de la mer.
Aussi, Charles d’Anjou, comte de Provence, résolut-il d’assurer à ses sujets la sécurité et la liberté de circulation.
Il appela deux notables, Jacques Caïs et Guillaume Olivari, qui connaissaient, pour y avoir navigué et séjourné, Gênes, Venise, Alexandrie, Byzance, les côtes du Levant, et s’étaient distingués sur les flottes des Croisades.
En 1251, il leur donna l’ordre de creuser, sans délai, une darse.
En somme, il s’agissait de faire du vieux port Saint-Lambert un port militaire artificiel.
La darse de Charles d’Anjou se trouvait, parallèlement au rivage, sur l’emplacement actuel du Palais de Justice et de la Préfecture. La darse, qui pouvait mesurer environ 2 hectares et demi, était fortifiée, ainsi que ses abords immédiats.
On sait que la tour la plus rapprochée des Ponchettes et, par conséquent, du château, s’appelait tour Saint-Elme.
Deux môles fortifiés limitaient, du côté de la mer, une surface d’eau que l’on désigna du vieux nom de Port Saint-Lambert. Ce port Saint- Lambert nouveau faisait office d’avant-port à la darse.
En principe, il était réservé aux caboteurs, tandis que la darse l’était aux navires de guerre.
A ces deux fonctions correspondaient deux modes administratifs. La darse était entretenue par le comte, disons l’Etat ; le port Saint-Lambert et ses môles, par les habitants et les usagers. A cet effet, on prélevait un cinquième sur les legs et successions ; les navires chargés de blé et de sel donnaient chacun une mesure ; les bêtes de somme étaient réquisitionnées un jour par an, au mois d’avril, pour les travaux de réparation effectués aux môles ; les paysans des alentours, qui semaient plus de 2 setiers, étaient taxés à 2 deniers par setier.
Le caractère exclusivement militaire de ces ouvrages était encore rehaussé par la présence de l’Arsenal ou « Tercenal ».
Puissamment fortifié (tours, créneaux, etc.), cet édifice coiffait, au nord, la darse et venait s’appuyer, à l’ouest, sur le rempart de mer. Il contenait un chantier de constructions navales et les magasins habituels d’armes et d’agrès.
L’avant-port, la darse et le Tercenal, ainsi définis, ont rendu les plus grands services.
Ils ont tenu en respect les Barbaresques, les écumeurs de mer de tout acabit et imposé une crainte salutaire aux Génois, aux Siciliens et aux Pisans.
Les Chevaliers de Saint- Jean-de-Jérusalem, d’une part, le duc Amédée VIII, d’autre part, y firent construire et armer des galères que l’on lançait par des ouvertures pratiquées, à cet effet, dans les murailles.
C’est de Nice que sortit, en 1522, la caraque Sainte-Anne, le plus grand vaisseau de l’époque. »
La darse de Nice est un texte découvert dans le « Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen », publié en 1940.