Les carrières de Nice est un récit qui raconte comment des tirs de mine ont détruit un énorme rocher, à un endroit qui abrite aujourd’hui le Monument aux morts.
« Dans la matinée du 12 courant, du côté de la colline du Château de Nice et à l’entrée du port, le grand rocher que chacun a pu remarquer au milieu des carrière de Rauba-Capeu a été détruit.
Quelques dizaines de kilogrammes de poudre, placés à son pied, en ont eu raison. Il s’est affaissé et avec lui s’est effondré tout le front de carrière.
Le mouvement s’est opéré avec beaucoup de lenteur et au milieu du puis grand recueillement. Une petite explosion s’est fait entendre ; puis, avec des craquements sourds, la montagne est descendue en masse.
Les spectateurs qui ne se trouvaient pas placés en face de la carrière, n’ont pu se douter de ce qui venait de se passer que par la commotion imprimée au sol et par l’épais nuage de poussière qui, pendant quelques instants, a voilé la colline.
Lorsqu’on a pu approcher sans danger, à l’émotion a succédé la surprise.
La grande cavité de la carrière, quelques instants avant vide et béante, avait en quelque sorte disparu sous l’éboulement. Là s’étaient entassés pêle-mêle des blocs de toutes dimensions et de toutes formes, plusieurs cubant 100 mètres et plus.
A leur tête, et comme pour protéger l’entrée du tunnel, se dressait le plus grand d’entre eux, un cube énorme de 300 mètres.
Au-dessus de l’éboulement, la colline n’était plus reconnaissable ; en tombant, le rideau de blocs gigantesques à mis à nu un amas informe de détritus et de poussiers dont l’aspect n’inspirera certainement aucun poète.
— Ce n’est plus Rauba-Capeu ! s’écria tristement quelqu’un dans la foule.
La vérité est que les paysagistes y auront perdu et que les photographes ne seront pas très satisfaits de ce qui est arrivé dans la journée du 12.
En revanche, l’entrepreneur qui, avec une centaine de kilogrammes de poudre, a fait descendre cinq ou six mille mètres cubes de roc, se frotte les mains de ce succès inespéré. »
Les carrières de Nice est un texte découvert dans le journal « Le Courrier du Gard » du 20 mai 1870.