La cathédrale de Grasse prend la foudre narre la vie tourmentée de cet édifice religieux dans la cité des parfums.
Une cathédrale gothique
» Un récent décret du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts a classé la cathédrale de Grasse parmi les monuments historiques.
Construit vers le XIIe siècle, cet édifice compte, en effet, parmi les créations originales et admirables de l’architecture gothique. Le goût français s’y révèle ainsi partout : dans les ornements des colonnes comme dans l’invention parfois hardie des maçons.
Mais ce temple de l’Etre Suprême avait sa destinée et comme toute chose, il devait subir au cours des siècles de nombreux changements.
La première de ces transformations que subit cette église fut le transfert du chœur du milieu de la nef au pied du sanctuaire, puis du sanctuaire derrière l’autel.
La crypte fut construite en 1714 ; son plan fut, paraît-il, élaboré par Vauban.
Vingt ans après, Mgr d Autelmy, évêque de Grasse, fit bâtir l’annexe de la paroisse qui est aujourd’hui la chapelle du Saint-Sacrement. Ornée de quatre magnifiques statues, sculptées par Baillet, représentant les quatre Evangélistes, cette chapelle est une merveille d ‘art.
Toujours au cœur de Grasse
En l’an II de la République, les fêtes décadaires et catholique se célébraient alors indifféremment dans l’église, qui fut transformée plus tard en un magasin à fourrage, qu’un incendie détruisit en l’an III. C’est là que le superbe tableau de Fragonard, encore de nos jours exposé dans le chœur, fut ainsi altéré par la fumée.
En 1796, la cathédrale fut finalement restaurée et réouverte en 1802. Puis, les Autrichiens y cantonnèrent douze ans plus tard.
En 1887, année du tremblement de terre, on assista donc à la fermeture de la cathédrale pendant huit mois. Outre des tableaux de Subleyras et de Fragonard, ceux de Sébastien Bourdon et de Giotto vinrent encore embellir la nef.
Le clocher a aussi son histoire. En 1742, il fut abattu par un coup de tonnerre et sa reconstruction fut alors cause de pas mal de difficultés entre l’Administration Municipale et l’Autorité ecclésiastique. Et il fallut qu’un décret du Roi en décidât sa remise en état, en 1753.
Cinq cloches, qui furent ainsi brisées par la foudre, furent refondues, les trois autres n’ayant eu aucun mal. La plus grosse devait d’ailleurs se briser le jour de Noël 1859.
Aujourd’hui, les cloches ont enfin retrouvé leurs gais carillons et le vétuste édifice, entouré de soin et de respect est paré pieusement de nos fleurs les plus belles. »
La cathédrale de Grasse prend la foudre est extrait du journal « L’Eclaireur du dimanche » du 16 janvier 1921.