Dans le train à crémaillère de Monaco à La Turbie rappelle l’existence de ce moyen de transport surtout utilisé par les touristes.
En voiture pour La Turbie
« Nous traverserons rapidement ces jardins du Casino de Monaco, et nous nous dirigerons vers un édifice moderne, coiffé de deux tours orientales, à la faïence émaillée de bleu.
Là nous trouverons le railway qui fait, en vingt-trois minutes, l’ascension de la Turbie.
Une compagnie anonyme, au capital de 1.600.000 francs, a reçu, en janvier 1892, la concession de cette ligne.
Le système de traction adopté est connu sous le nom de Riggenbach. Il est au service des voyageurs depuis le 18 février 1894.
Regardez cette tour à demi démantelée de la Turbie, à l’aspect gris et lourd, qui nous invite à monter.
Elle est à près de cinq cents mètres au-dessus de nos têtes. C’est là que nous allons.
On voit peu la mer en partant, la vue est courte et limitée, le coup d’œil est à droite.
D’ailleurs, la bonne disposition des wagons permet de se porter sur divers points et de regarder dans tous les sens.
Le train quitte Monaco
L’ascension est lente.
Sur les banquettes se presse une colonie étrangère nombreuse.
Les Anglaises consciencieuses ont le nez plongé dans leur Murray, cherchant à raisonner leurs émotions et à éviter toute erreur dans leurs enthousiasmes.
Un silence anxieux règne dans les rangs. Involontairement on se demande ce qu’il adviendrait si le convoi venait à reculer. Le convoi ne reculera pas le système adopté a fait ses preuves.
Le train glisse sur deux rails.
Dans l’intervalle deux autres rails constituent une crémaillère alternée où s’engrène, soit à l’aller, soit au retour, une roue dentée, qui ne permet pas de rétrograder.
En cas de surprise, une paire de freins à air comprimé arrêterait le mouvement descendant des wagons.
Nous avons fait halte à une station sans importance, la Bordina.
Deux immenses fils se courbent au-dessus de la vallée. C’est le télégraphe qui relie la Turbie aux villes de la côte.
Sur la terrasse à La Turbie
Nous arrivons promptement au débarcadère.
Près du terre-plein est une terrasse en demi-lune, d’où l’on embrasse un segment de mer incomparable et d’où l’on peut aussi se donner le plaisir de suivre l’exode pédestre des voyageurs redescendant à Monte-Carlo.
Un entrepreneur avisé a élevé à cet endroit un observatoire en planches.
On voit avec un puissant grossissement la Corse, que l’on aperçoit d’ailleurs, à l’œil nu, d’une moindre élévation, quand le temps est clair, chose fréquente en décembre. »
Dans le train à crémaillère de Monaco à La Turbie est un texte extrait du livre » La Provence et ses voies nouvelles » de Jules Cauvière, publié en 1898.