Lettre du prince de Monaco au capitaine Dreyfus est une fort belle lettre où Albert 1er de Monaco lui apporte son soutien.
En 1894, le capitaine de l’armée française, Alfred Dreyfus, a été condamné pour espionnage au profit de l’Allemagne.
L’Affaire Dreyfus commence et elle va déchirer les familles françaises.
Le prince de Monaco, Albert 1er, soutiendra le capitaine Dreyfus, à l’approche de son procès en révision qui va débuter en août 1899.
Le prince de Monaco écrit une lettre en mer
» En mer, le 10 juillet 1899.
Cher capitaine Dreyfus,
Depuis longtemps, j’affirme votre innocence parce que je la vois comme je vois la clarté du jour.
Vous-même en vrai soldat vous l’affirmiez mieux que par des serments lorsque vous traversiez debout le champ du supplice.
Aussi les braves gens sont avec vous, et si des aveugles persistent à s’insurger contre le sentiment qu’anime l’élite de la nation, ils s’exposeront, j’en ai la certitude, à d’humiliants démentis.
Mais les juges suprêmes que vous avez demandés sont là, et ils savent que si l’épée anoblit l’homme qui la porte, c’est seulement lorsqu’elle symbolise dans sa main la droiture et la force.
Ils savent que leur nom va contresigner définitivement le verdict d’où sortira pour la France une nouvelle grandeur faite de ses angoisses et de sa loyauté.
Dans l’attente de la parole libératrice des juges, les âmes qui ne sont ni de pierre ni de boue admirent l’inévitable destin en vous voyant ramené par la tempête qui chasse les mensonges et les crimes.
Elles voient prochain la fin d’un triste rêve, le dénouement qui montrera comment une armée consciente de son honneur rouvre ses rangs au frère d’armes grandi par la victoire de la justice.
Loin du lieu où les plus clairvoyants de nos concitoyens accomplissent envers vous une œuvre de réparation très haute et très sainte, j’ai le droit d’applaudir en me souvenant de ces jours de désastres, où je combattais avec eux pour le drapeau de la France.
Et je veux que ce témoignage soit près de vous pour être arrosé des larmes de votre joie quand les juges termineront votre martyre.
Je commande des marins, des savants, des hommes robustes de corps et d’âme qui se dévouent pour accroître l’action du savoir sur les intelligences ; et c’est dans la sérénité du travail, perdu volontairement dans les déserts où les passions se taisent, d’où les querelles humaines paraissent infimes, que je parle ainsi de justice et de réparation.
Et puis la force que prête aux consciences l’habitude des grands problèmes du monde, me donne une vision de la France, de celle qui enveloppa les peuples de son génie civilisateur, et qui acclame aujourd’hui des soldats et des juges dans un élan dont les siècles garderont la mémoire.
Albert Prince de Monaco «
Le capitaine Dreyfus est réhabilité
Nul doute que la lettre du prince de Monaco au capitaine Dreyfus a contribué à soutenir le moral du militaire.
Mais, le 9 septembre 1899, contrairement aux espoirs du Prince de Monaco, Alfred Dreyfus sera reconnu à nouveau coupable de trahison mais « avec circonstances atténuantes » par le Conseil de guerre de Rennes.
Il sera finalement gracié le 19 septembre et libéré le 21 septembre 1899.