L’armée de Monaco est une histoire qui se moque gentiment des effectifs lilliputiens de la troupe monégasque.
» A côté des armées formidables que déploient les peuples, même en temps de paix — huit cent mille hommes pour la Russie, six cent mille pour l’Allemagne et la France — d’autres armées, minuscules, paradent fièrement.
Si les peuples heureux n’ont pas d’histoire, ils n’ont pas non plus beaucoup de soldats.
Lilliput sur mer
L’armée monégasque est remplie de noms français. Des anciens officiers de chez nous y sont avec leur grade.
L’annuaire de cette armée de Monaco tient, du reste, en quelques lignes ; le voici en son entier :
– Garde d’honneur du prince, soixante-quinze hommes, casernés près du palais.Le chef suprême, colonel qui commande les gardes du palais, est M. de Christen, qui fut colonel de la garde républicaine, à Paris.
– Carabiniers, de soixante-quinze à cent hommes :
Il convient d’y ajouter les Sapeurs-pompiers, le Commandant du yacht princier et les militaires de la Maison du prince.
L’armée de Monaco est tout entière composée de soldats d’élite, bien payés, bien habillés, et ayant la vie fort agréable.
Choisis avec soin, ils sont logés dans une luxueuse caserne, à côlé du palais.
Leurs armes ne sont pas tout à fait de nouveau modèle et leurs baïonnettes ont des allures de coupe-choux.
Qu’importe ! Leur métier consiste à monter la garde et à rendre les honneurs. Les monarques d’Europe sont volontiers les hôtes du prince, et ils passent tous en revue ces magnifiques soldats de la garde d’honneur, hauts de six pieds.
Paisible comme un monégasque
Les Monégasques, gens paisibles, ne connaissant point les grèves, il est rare que la troupe ait à renforcer la police.
A dessein, la plupart des officiers proviennent de l’armée française et notre Gouvernement ne se montre pas sévère pour les autorisations.
Point d’artillerie. Il y a, près du palais, quelques vieux canons donnés par Louis XV et qui tirent de magnifiques salves aux jours de fête.
Point de flotte que le yacht particulier du prince.
En temps de guerre, ce yacht devient navire de guerre français et se trouve mobilisé ; les éléments français de l’armée de Monaco prennent place dans nos rangs.
Ce sont là les deux conditions éventuelles, bien douces, de la suzeraineté française sur Monaco. »
L’armée de Monaco est un texte retrouvé dans la revue « Armée et Marine » du 21 avril 1901.