Camping sauvage dans la pinède de Juan-les-Pins est le spectacle étonnant que les habitants de cette ville ont découvert par un beau matin.
Des campeurs s’installent dans la pinède.
» Cela devient un lieu commun de constater que les inventions romanesques de Jules Verne entrent chaque jour dans le domaine de la réalité.
En effet, depuis quelques jours, une villa, arrivée par la route, s’érige au cœur de l’admirable pinède de Juan-les-Pins.
C’est une villa d’un confort et d’un luxe inédits, et qui, grâce à ses 45 50 HP Mach, se déplace avec une étonnante aisance.
Au risque de paraître indiscret, — car, comme bien on- pense, la présence en ce paisible Juan-les-Pins d’une chose aussi imprévue ne manque pas de provoquer une curiosité nettement opposée aux goûts de ces chemineaux ultra-modernes — nous avons sollicité quelques détails des propriétaires et nous avons été reçus par Mme Collin-Dufrenne qui a bien voulu, avec une bonne grâce charmante, satisfaire notre curiosité.
Tout confort.
C’est un émerveillement.
Nous sommes dans un salon, un véritable salon meublé avec un confort qui se double d’un goût exquis : des fleurs sourient dans des vases ; des bibelots délicats peuplent les étagères ; les cuivres, les nickelures, les parois de chêne ciré étincellent ; les rayons d’une petite bibliothèque luisent de reliures précieuses.
Le volant de direction, les leviers, les pédales, tout ce qui constitue la machinerie a disparu sous le moelleux tapis qui recouvre le parquet.
A côté, c’est la cage centrale où, en face l’office tournoie le petit escalier, dont les marches sont autant de tiroirs, qui mène à l’étage.
Car il y a un étage comportant deux chambres à coucher, avec en tout six lits, et un cabinet de toilette avec tout le confort souhaitable. Signalons, car la chose est surprenante, que cet étage se replie complètement, en accordéon, lorsque la voiture, qui mesure, toute développée environ cinq mètres de hauteur, se met en marche.
Il y a, bien entendu, une cuisine complète et qui, au moment où nous l’avons visitée, affirmait par son éloquent fumet, que Brillat-Savarin s’y serait rempli d’aise…
Une forte tente, accolée à la maison, abrite un mobilier de jardin des plus élégants et une deuxième voiture touriste, stationnant, à côté, se jumelle avec la principale ; comme le canot de sauvetage avec le paquebot…
M. et Mme Collin-Dufrenne ont résolu là, de la plus désinvolte et élégante manière, la crise du logement. »
Camping sauvage dans la pinède de Juan-les-Pins raconte l’histoire d’un des premiers camping-cars français, telle que qu’on peu la trouver dans le journal « L’Eclaireur du dimanche » du 6 mars …1921.