Le récit, Les gorges du Verdon en bateau, raconte la descente de cette rivière par un courageux explorateur.
» On ne pénètre pas sans peine dans ces gorges du Verdon sublimement tragiques ; même certaines parties, les plus profondes, sont d’accès impossible.
Le courant est trop violent, les seuils trop nombreux pour que l’on puisse pénétrer en bateau dans ce canyon.
Pourtant, un homme a tenté ce tour de force et l’a réussi.
Un beau jour on vit apparaître sur la plate-forme du village de Rougon, ruisselant, déchiré et lamentable, un inconnu qui surgissait d’on ne savait de quel antre mystérieux et qui, s’adressant à l’instituteur, M. Blanc, lui demanda simplement si l’on pouvait trouver des hommes dans le village pour l’aider à remonter son bateau.
L’instituteur, médusé, demeura d’abord bouche bée, et quand il retrouva l’usage de la parole, ce fut pour demander à son étrange interlocuteur, qui ne tombait pas du ciel, mais au contraire émerge du gouffre :
— Mais où peut-il donc être, votre bateau ?
– Dans la gorge du Verdon, fut la réponse.
Je vous laisse à penser la stupéfaction de M. Blanc et les efforts que durent faire les bons villageois de Rougon pour hisser du fond de l’abime le canot démontable en toile à l’aide duquel M. Armand Janet, ingénieur de la marine et alpiniste émérite, venait d’accomplir cette extraordinaire prouesse. »
Les gorges du Verdon en bateau constituent un récit tiré de la Revue mensuelle du Touring-club de France et publié en octobre 1905.