La reine Victoria à Nice décrit la vie retirée d’une souveraine peu disposée à s’exposer et à participer aux fêtes des hivernants de la Riviera.
Venue de la reine Victoria sur la Riviera
» La reine Victoria commença par séjourner à Grasse, puis se fixa à Nice dans le quartier de Cimiez.
L’unique importance de cette fidélité consista dans l’affection réelle des Anglais pour leur vieille souveraine, qui les fuyait. Ils crurent faire preuve de loyalisme, en louant des logements meublés dans le voisinage de la villégiature royale.
L’appétence fut soulevée chez les logeurs, gargotiers, marchands quelconques, par la présence d’une princesse aussi entourée. Elle corsait les additions et amorçait la clientèle.
Les Piémontais la sollicitèrent pour la « Rivière de Gènes », et les Monégasques crurent bon d’évoquer un instant leur neutralité. Elle ne cessa d’aimer cet hôtel Régina, à Cimiez, dont elle fut la marraine.
Une vie calme à Nice
Je me laisse raconter pourtant qu’elle n’apporta, en personne, aucune prospérité directe à la ville de Nice.
A cet âge, on possède des manies, plutôt exigeantes.
Sa Majesté vécut isolée, amena en sleeping sa propre cour, commanda à Londres jusqu’au roastbeef que le cuisinier lui servait respectueusement.
Si quelques fournisseurs locaux se vantèrent de commercer avec elle, ils n’eussent osé avouer la- modicité de la note.
Menée dans un fauteuil roulant par un bourricot, elle sillonnait les allées du parc voisin, ou exécutait en landau des promenades de banlieue, suivie d’agents discrets.
Quant aux fêtes, Victoria refusa d’y participer. Le prince de Galles se mêlait au high-life voisin, encombré de grands-ducs, mais maman refusa. Là fut le mauvais côté d’un séjour qui aurait dû être le rebond du Carnaval. »
La reine Victoria à Nice est un extrait du livre « Au Pays Bleu » d’Armand Gribauval, édité en 1899.