Le patois des niçoises est un article relatif aux propos polémiques d’un voyageur qui prétend que le nissard n’est pas une langue.
” Les peuples qui assujettirent successivement le comté de Nice, depuis sa fondation par les Phocéens de Marseille jusqu’à nos jours, lui laisssèrent tous un lambeau de leur langue ; mais ce tout réuni n’a formé qu’un déplorable habit d’arlequin, qui s’est usé avec le temps.
Et cependant, on parle encore ici un langage baroque, langage bâtard qui choque les oreilles de tout le monde et épouvante le philologue ou l’observateur qui veut s’en rendre compte.
Ce n’est point le français, la langue d’oc n’a rien à voir là ; c’est encore, moins l’italien, mais un affreux amalgame d’idiomes, morts en général.
Lorsque j’entends de jeunes dames aux grands yeux noirs, au teint frais, aux lèvres purpurines, causer dans cet argot barbare, je me figure être parmi quelque peuplade indienne, tant les jardins de Nice, aux folles et éblouissantes végétations, prêtent à cette comparaison.
Je comprends que l’on lise Mistral, Trussy, Roumanille, Aubanel, etc. ; mais je ne puis admettre que les femmes dépoétisent leurs grâces ravissantes par l’usage d’un patois suranné.
Les dames de Nice ont su pourtant emprunter, avec la rapidité d’un changement à vue de théâtre, les modes parisiennes, qui leur vont à ravir.
Elles ont acquis l’élégance des gravures de mode…Pourquoi n’en feraient-elles pas de même du langage ? “
Le patois des niçoises est un article tiré du journal “Le Papillon” du 10 octobre 1862.