La vache de Monaco et l’impératrice de Russie raconte une anecdote amusante lors d’un voyage en bateau vers Villefranche.
Une vache à bord
Depuis hier, le yacht Sarnitza est mouillé dans les eaux de la rade de Monaco.
On hâte les derniers préparatifs. Les matelots sont tous irréprochables, avec leur pantalon noir, leur vareuse blanche, leur béret blanc bordé de bleu, portant le nom du bâtiment en lettres d’or.
En plein air, au pied, de la passerelle, on a ménagé une sorte d’étable ou d’abri, où se trouve une vache, très étonnée de ne pas être sur la terre ferme. Elle est soignée et gardée en cet endroit, afin de fournir du lait toujours frais pour les cuisines, et spécialement pour le tsarévitch.
Mais voici que la chaloupe amène tour à tour les médecins de la tsarine, son grand chambellan, ses deux dames d’honneur, tous les personnages de sa suite. A la lorgnette, nous apercevons deux voitures qui descendent sur le quai. C’est la tsarine-qui arrive.
Avant de monter dans la chaloupe, elle fait ses adieux au prince de Monaco et à la princesse, ainsi qu’au prince Louis, qui l’ont accompagnée et qui lui remettent un magnifique bouquet de roses. Puis, l’impératrice monte dans le canot et nous le voyons bientôt arriver.
A l’avant, debout, se tient le garde du corps de la tsarine ; un solide moujik à la barbe noire, en costume noir garni de broderies violettes ; puis, au fond, est assise la tsarine, le tsarévitch, la princesse Olga.”
L’impératrice de Russie monte à bord
L’équipage est rangé près de l’escalier. La tsarine est reçue, à son arrivée, par le capitaine et par l’équipage.
“Elle est en noir, tout en noir, dans une robe de laine très simple. Le tsarévitch, qui porte le costume d’officier de marine, avec la casquette blanche, a sa grande capote à boutons d’or jetée sur les épaules.
C’est fini les salutations s’échangent entre l’impératrice et les personnes qui sont là.
Le canon du palais de Monaco salue d’une salve de vingt et un coups, et le yacht Sarnitza gagne lentement le large. Il tourne la pointe de Monaco et va suivre le littoral ; il doit s’arrêter à Villefranche, pour prendre les gens de l’impératrice et ses bagages.”
La vache de Monaco et l’impératrice de Russie est une histoire extraite du journal ” La Presse” du 18 mai 1896.