Drôle de souverain à l’île de Ste-Marguerite traite des libertés prises par un prisonnier retenu dans les cachots du fort.
« Nous nous rendîmes à cheval sur la pointe qui est en face de l’île Sainte-Marguerite.
La traversée du rivage à l’ile Sainte-Marguerite n’est pas plus longue que celle du Rhône.
Il y avait alors trois prisonniers d’Etat au fort de Sainte-Marguerite.
L’un d’eux jouissait d’une grande liberté. Il avait fait arranger d’une manière commode un bâtiment particulier.
Il se livrait au plaisir de la chasse et de la pêche, avait avec lui ses enfants, quelques amis, et souvent il donnait à dîner à des habitants de Cannes et des environs.
Il voulut laisser dans cette île des souvenirs du temps qu’il y avait passé en cherchant à la rendre plus agréable et plus commode pour les malheureux qui doivent l’habiter après lui.
Il a fait tracer des routes pour la promenade ; et il s’occupait à faire creuser avec beaucoup de dépenses un puits dans un lieu où l’on soupçonnait l’existence d’une source.
Sa fortune, ses manières élégantes, l’ascendant de son esprit, lui donnaient l’air du souverain de cette petite île et l’on aurait pris pour son capitaine des gardes le commandant du fort. »
Drôle de souverain à l’île de Ste-Marguerite trouve sa source dans le livre » Voyage dans les départements du midi de la France » par Aubin-Louis Millin, publie entre 1807 et 1811.