De gros tritons traversent le Paillon à Nice rappelle la vie mouvementée d’un statue qui fait partie de l’histoire de la cité des violettes.
Eau potable sur la rive droite du Paillon
C’était un temps où il n’y avait pas encore d’eau potable sur le faubourg de la rive droite du Paillon.
C’était un temps où Nice appartenait au Royaume de Savoie.
Un français, Joseph Brémond, édile de la ville décide, cependant, d’apporter l’eau courante à cette partie de la commune.
Il était propriétaire d’une tannerie et faisait partie de la Chambre d’agriculture et de commerce.
En face du collège d’alors, il fit donc construire une fontaine en pierre de taille sur la place Saint-Jean-Baptiste. Elle fut bien sûr dédiée à la reine Marie-Christine.
Son inauguration officielle eût lieu le 11 novembre 1825. Malheureusement, il pleuvait à seaux ce jour-là !
Le monument fut béni par l’évêque Colonna d’Istria.
Bien évidemment, une plaque fut chargée de perpétuer l’évènement du jour. Une autre rappelait le soin pris par la Municipalité dans la réalisation de ces travaux et l’implication de Joseph Brémond.
Puis, elle fut surmontée, en 1828, d’un groupe de Tritons en marbre.
La même année, le 8 juin, le Conseil municipal procède à la reddition des comptes du projet. Il a coûté 13.281 francs et 51 centimes. Compte tenu des acomptes versés, il reste encore 1.681 francs et 51 centimes à régler.
Les Tritons traversent le Paillon
Un membre du Conseil fait toutefois remarquer que le rapport ne parle pas « du prix du superbe groupe en marbre, représentant quatre Tritons qui tiennent le coquillage marin, d’où il coule des jets d’eau ».
Alors, Joseph Brémond répond que, « comme consul et concitoyen », il se fait un plaisir de l’offrir.
Ces Tritons déménageront ensuite sur la rive gauche du Paillon et seront classés, comme monument historique, par un arrêté du 25 août 1920 du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts.
Cependant, le groupe de marbre avait, depuis son installation, perdu de sa superbe . Un article de presse de l’époque en faisait ainsi état :
« Ils n’ont plus tous leurs doigts. Leurs têtes sont rapiécées. Ces pauvres demi-dieux continuent, malgré tant de plaies, à gonfler les joues et à souffler dans de gros buccins si énergiquement qu’il en coule un mince filet d’eau. »
Au final, la statue des Tritons est aujourd’hui dans le jardin Albert 1er.
De gros tritons traversent le Paillon à Nice est notamment inspiré par un article du journal « L’Eclaireur du dimanche » du 28 novembre 1920.