Le cimetière des suicidés à Monaco est un récit qui raconte une page douloureuse de l’histoire de la Principauté.
” On n’a point de bourreau ni de guillotine à Monaco, on a la roulette et le trente-et-quarante et on a un cimetière des suicidés.
C’est à gauche, en entrant, du Campo-Santo, tout à fait au fond, presque sur la frontière de France.
Le voyageur, en arrivant dans la principauté, l’aperçoit tout d’abord ; une tranchée, qui sert de chemin au public, le sépare du grand cimetière.
D’un côté : les Monégasques, pour la plupart ex-employés des jeux, tous ayant vécu par le jeu ; de l’autre : les victimes du jeu.
Des ronces et des épines courent sur les murs peu élevés de ce petit cimetière. Une mauvaise grille grince en ouvrant un passage aux porteurs de cadavres.
Il est bien triste et seul, le cimetière des suicidés de Monaco ! Point d’amis, point de parents, qui visitent ce dernier asile des déshérités du sort !
J’ai rarement vu fouiller la terre dans ce petit coin. La nuit, sans doute, doit se faire la lugubre besogne.
Lorsqu’on ne peut pas faire différemment, lorsqu’on se trouve en présence d’un cadavre que tout le monde a pu voir sur la voie publique, la cérémonie se fait au grand jour, lestement, furtivement.
Mais pour les autres, les macchabées discrets, chi lo sa ? “
Le cimetière des suicidés à Monaco est un texte trouvé dans le livre “Les Coulisses de Monte-Carlo” écrit par Hector Henriett, ancien croupier du casino de Monaco, et publié en 1895.