Pasteur à Bordighera reprend une lettre dans laquelle le célèbre scientifique raconte sa visite de la villa Garnier, édifiée par le non moins célèbre architecte.
» Bordighera, le 7 décembre 1886.
Cher confrère et ami,
Je suis bien en retard pour répondre à votre très aimable lettre, mais tout n’est pas de ma faute.
Nous attendions un beau jour calme pour visiter votre villa. Croiriez-vous que dans votre cher Bordighera nous avons eu tonnerre, pluie torrentielle pendant une nuit et une journée, grêle, neige à couvrir toutes les montagnes voisines. Il a donc fallu remettre le plaisir que nous nous promettions.
Nous sommes allés chez vous en famille où nous avons reçu un aimable accueil du jardinier qui nous a fait d’abord les honneurs du jardin, véritable tour de force réalisé. Nous y avons tout admiré, le rosier tout en fleurs qui caresse le bas de la colonne des Tuileries, les orangers en espaliers, la tribu de vos palmiers, seuls à donner des fruits à Bordighera, au dire de votre jardinier. Rien ne manquait à l’éclat de ce jardin que le soleil.
Nous y retournerons un matin. Toute la maison nous a été ouverte. Après avoir rendu hommage à votre buste qui est superbe nous avons souri à Nino dont l’apparition est d’un charmant effet. Nous avons admiré Meissonier, Boulanger, Lenepveu et les fantaisies de Clairin jusqu’aux branches de compas qui vous portent.
Nous sommes revenus une troisième fois pour admirer la mer. Vous avez vraiment sur cette côte la place qui vous est due : vous dominez tout.
Merci encore, cher confrère, de votre gracieuse invitation. Nous prendrons souvent pour but de promenade ces belles hauteurs dont la tour comme celle de la Villa Bischoffsheim porteront longtemps dans ce délicieux pays Votre signature immortelle.
Bien à vous,
L. PASTEUR. »
Pasteur à Bordighera est un texte extrait du livre « Correspondance de Pasteur, 1840-1895 », édité entre 194 et 1951.