Lune de miel à Monaco est le second épisode d’une histoire intitulée “Le Saint-Esprit à Monaco” qui décrit avec sarcasme le mariage et le divorce d’Albert 1er.
” Le mariage fut célébré. D’abord tout alla comme sur des roulettes ( sicut super roulettas, dit l’Ecclésiaste).
Les jeunes époux promenèrent leur lune de miel dans tous les hôtels garnis de France et de Navarre. A la table d’hôte, ils ne pouvaient pas même se passer le veau aux carottes ou les pommes de terre à l’huile sans échanger do tendres regarde et des paroles non moins tendres.
Et il y avait dans les œillades qu’ils se décochaient mutuellement de telles flammes, que non-seulement ils s’embrasaient l’un l’autre, mais que, dépassant le but, ils incendiaient le cœur de tous tes autres voyageurs.
Pour les gens mariés, il n’y avait pas de mal à cela : travailler à accroitre la population de son paya est l’œuvre d’un bon citoyen et d’une bonne citoyenne. Mais pour les autres ! … Pour les célibataires !…. Bast ! les tourtereaux enamourés pensaient bien à ces malheureux.
Ce qu’il y avait de plus grave, c’est qu’ils ne péchaient pas par ignorance. Toutes les fois qu’ils séjournaient plus de trois jours dans un hôtel, ils voyaient invariablement arriver le patron qui, avec beaucoup de périphrases, demandait si Leurs Altesses n’allaient pas bientôt lui faire l’honneur de quitter son établissement.
– Pourquoi cette question, bonhomme ? répondait le prince
– Monseigneur, balbutiait l’aubergiste, daignez m’excuser, mais, voyez-vous, ici, le service est un peu dur, et toutes mes petites bonnes sont sur les dents.
Je pourrais raconter bien d’autres anecdotes non moins typiques et d’une égale authenticité mais j’en ai dit assez pour montrer ce que fut ce mariage à ses débuts.”
Lune de miel à Monaco se prolonge avec l’épisode “Enfer à Monaco”