Adultère tragique à Cannes est un récit qui raconte un triste fait divers
» C’est demain que M. Deacon, cet Américain qui, le 18 février dernier, dans un hôtel de Cannes, tua l’amant de sa femme, M. Emile Abeille, comparaîtra devant le Jury des Alpes-Maritimes.
M. Deacon a déclaré que, depuis trois ans, il vivait en mauvaise intelligence avec sa femme.
Celle-ci s’était détachée de lui du jour où il avait eu l’imprudence d’introduire dans son ménage M. Abeille, un ami de Cercle.
Des relations coupables n’avaient point tardé à s’établir entre M. Abeille et Mme Deacon.
Le mari les soupçonnait, mais n’avait point de certitude.
Le 1″ février dernier, sa femme se disant malade, il lui conseilla de faire un séjour à Cannes, pendant que lui-même se rendrait en Amérique.
Au lieu de partir, M. Deacon demeurait à Paris et se faisait renseigner exactement sur la conduite de sa femme.
Les renseignements qu’il reçut ne lui laissèrent aucun doute sur la nature de son malheur. Il partit pour Cannes, bien décidé à se venger à la première occasion.
Dans la nuit du 18 février, M. Deacon descendit de son appartement, et, ayant entendu du bruit dans la chambre de sa femme, il remonta dans son appartement, prit son revolver et redescendit, accompagné du secrétaire de l’hôtel.
Il frappa à la porte et, laissant l’employé dans le couloir, pénétra dans la chambre de sa femme, après en avoir forcé la porte.
La bougie était éteinte, il la ralluma et, trouvant sa femme seule, il pénétra dans le salon attenant, où il découvrit M. Abeille caché derrière un fauteuil.
M. Deacon déchargea trois fois son revolver sur M. Abeille.
Une balle l’atteignit à la cuisse, une autre en pleine poitrine, et la troisième se perdit dans la muraille.
Vers huit heures du matin M. Deacon alla se constituer prisonnier ; à onze heures sa victime mourait. »
Adultère tragique à Cannes est un texte tiré du journal « Le Petit Parisien » du 19 mai 1892.
A l’issue du procès, M.Deacon sera condamné à un an de prison.