Les apéros de Modigliani à Cagnes racontent une amusante anecdote où le patron d’un bar a dû regretter sa préférence pour les billets de banque.
» C’est depuis que Renoir vint peindre dans cette lumière enchanteresse et s’installa sur un des versants opposés nommé « Les Colettes » et d’où la vue s’étend sur le village en entier, que Cagnes a vu affluer dans la partie la plus haute de son bourg de nombreux artistes, qui ratifiaient ainsi le choix du maître impressionniste.
Après la première guerre mondiale, alors que le touriste profane était encore rare, Soutine, Modigliani, Foujita, entourés de bien d’autres peintres aujourd’hui connus, vécurent à Cagnes les heures impécunieuses et difficiles de leurs débuts.
Des commerçants, bonnes âmes, les aidaient, leur faisaient crédit.
Certains pourtant étaient méfiants.
On cite l’anecdote d’un cabaretier qui refusa à Modigliani plusieurs de ses toiles en paiement de quelques apéritifs.
« Que valent vos portraits tout de travers, lui dit-il. Je préfère des billets de banque ordinaires ».
Le jour où il apprit que ces mêmes toiles se vendaient à des cours astronomiques le cabaretier, dit-on, en attrapa la jaunisse.
Ainsi Cagnes-sur-Mer devint Cagnes-les-Peintres. »
Les apéros de Modigliani à Cagnes est un récit extrait de « La Revue du Touring-club de France » de janvier 1938.