Corrida polémique à Nice est un récit qui raconte les oppositions face à cet évènement.
» Se souvient-on qu’il y a quelque temps nous dévoilions les projets de quelques Niçois sanguinaires, qui avaient fait établir dans le quartier élégant de la ville, boulevard Victor Hugo, des arènes pour corridas ?
Les premières courses avaient respecté les règlements, de sorte que le commissaire, spectateur assidu, n’avait rien trouvé à dire.
Mais, sous l’excitation de certaines personnalités, on prépara des courses avec mise à mort.
Le maire de Nice, informé, se hâta de prendre un arrêté d’interdiction, qui fut signifié aux entrepreneurs de ce spectacle, un dimanche, au moment même où l’on se disposait à lâcher les uns contre les autres hommes et taureaux.
Les belles madames durent rentrer leur émotion, non sans quelque dépit.
On organisa alors une séance privée dans ces mêmes arènes.
Les places furent payées très cher par un certain nombre de personnalités mondaines en séjour à Nice.
Il y eut mise à mort d’un taureau ; c’était trop !
La police survenant un peu trop tard empêcha que la fête se continuât par l’immolation d’un autre taureau et de chevaux.
Procès verbal fut dressé tant pour avoir contrevenu à la loi Grammont qu’à l’arrêté d’interdiction pris par le maire.
Le président de cette course était M. lsnardon, le baryton de l’Opéra-Comique.
C’est ce même M. Isnardon, dont l’aménité d’âme est vraiment extraordinaire, qui, il y a quelques jours, jetait un paquet d’immondices à la tête d’un journaliste. Ces deux traits de caractère se complètent l’un l’autre et peignent bien « l’artiste » qu’est le baryton.
Parmi les spectateurs habituels des arènes niçoises on remarquait le prince d’Esling, le duc de Leuchtenberg, le prince Lubecki et d’autres personnalités étrangères, mais de Français guère.
Aujourd’hui, ces arènes n’existent plus, car l’administration a empêché la reprise de ces spectacles sanglants.
Enfin ! «
Corrida polémique à Nice est un extrait du journal « Le Rappel » du 24 avril 1901.
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La polémique Isnardon-Marty
Usant de son droit de réponse, M.Isnardon fit publié la lettre suivante dans le « Rappel » du 28 avril 1901 :
» Nous recevons de M. Isnardon, le ténor tauromachique, la lettre suivante que notre impartialité nous fait un devoir d’insérer :
Monsieur le rédacteur en chef,
En réponse à votre article du 24 avril 1901, j’ai l’honneur de vous informer que vous avez été mal renseigné ;
1° Je n’ai jamais présidé aucune « Corrida de Muerte » ;
2° Mon adversaire, M. Marty, dans l’incident que vous rappelez n’est nullement journaliste.
Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur en Chef, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.
J. ISNARDON.
M. Isnardon nous adresse en même temps une grande feuille imprimée, reproduisant des extraits de la presse niçoise, très flatteurs pour lui ; il cite même le journal dont est directeur la personne à laquelle il dénie la qualité de journaliste. Si toutes les dénégations de M.Isnardon sont du même crû ; «
Mais d’où venait la rivalité entre MM. Isnardon et Marty ?
Le journal « Le Rappel » du 22 avril 1901 le relate :
» Le baryton, M. Isnardon, ayant, paraît-il à se plaindre des appréciations de l’ancien ténor M. Marty, actuellement directeur d’un journal de théâtre, lui a jeté, au visage, le contenu d’un gros paquet d’excréments.
M. Marty a été souillé de la tête aux pieds.
La scène se passait dans le jardin d’hiver du Casino municipal; dans la bousculade produite par la foule des gens fuyant l’étrange projectile, une glace a été brisée et les deux adversaires ont été blessés assez sérieusement.
Pouah ! devant une telle vengeance, on ne peut que se boucher le nez. »
Jugement du Tribunal correctionnel
A son tour, l’opposant de M. Isnardon, M. Marty demanda un droit de réponse dans le numéro du 7 mai 1901, après la décision du tribunal correctionnel de Nice :
» Nous avons publié, le 28 avril, la lettre dans laquelle le ténor-toréador Isnardon nous déclarait qu’il n’avait présidé aucune course de taureaux, et que M. Marty prenait à tort la qualité de journaliste.
Aujourd’hui nous recevons de ce dernier une lettre que notre impartialité nous fait un devoir de publier, tout comme elle nous avait obligé à insérer les affirmations du chanteur :
A propos de la note parue dans le Rappel du 28 avril, au sujet de l’incident Isnardon-Marty je réclame, plus de votre impartialité que de mon droit de réponse, l’insertion de la rectification, suivante:
Il a été établi durant les débats judiciaires qui viennent de se terminer par la condamnation de M. Isnardon à 8 jours de prison avec sursis ainsi qu’à 50 francs d’amende :
1- Que M. Isnardon avait attaqué M. Marty par derrière et pris immédiatement la fuite.
2- Que seul M. Isnardon, rejoint et projeté dans une glace, avait été blessé.
Ci-joint une attestation du Commissaire de police qui a recueilli les aveux de M. Isnardon et les différentes dépositions.
J’ajoute que M. Isnardon s’est caché dès l’issue du procès et a refusé de recevoir mes témoins pour un duel, en faisant répondre qu’il était parti, ainsi qu’il résulte du procès-verbal qui a été dressé.
Je laisse, à l’opinion le soin d’apprécier l’acte qui, permet au chanteur Isnardon de se tailler cette belle réclame.
Veuillez agréer, etc.
MARTY, publiciste, Nice
Une attestation du commissaire de police accompagnait, en effet, cette lettre. »