Le peintre Alexis Mossa meurt à Nice est un récit qui fait le panégyrique de cet artiste après son décès.
« Alexis Mossa — le « père Mossa » comme on l’appelait familièrement et affectueusement — s’est éteint doucement à 84 ans.
Le monde artistique de Nice et de la région est en deuil.
Alexis Mossa avait fondé la Société des Beaux-Arts de Nice ainsi que le Musée des Beaux-Arts qui, lors de son inauguration, était sis boulevard Dubouchage, à l’emplacement actuel de l’Eglise Réformée.
Epris de son art jusqu’à la passion, Alexis Mossa fut, toute sa vie, un artiste.
Très droit, foncièrement bon, il se tint à l’écart des coulisses et des cuisines artistiques, pour se consacrer à l’enseignement — il fut professeur à l’Ecole Nationale d’Art Décoratif de Nice — et à la conservation du Musée Municipal.
Travailleur infatigable, ses fonctions administratives, qu’il remplissait avec une ponctualité scrupuleuse et avec un dévouement inlassable, lui laissaient cependant encore le temps de peindre.
L’œuvre que laisse Alexis Mossa est considérable par la quantité, et fort honorable quant à la qualité.
Mossa peignait avec beaucoup de probité, ne délaissant jamais la composition, la construction de ses toiles et obéissant toujours à une inspiration élevée. Parfois, peut-être, il a pu être dépassé par son sujet, mais les marques même de la lutte de son talent et de son idéal ne peuvent laisser le spectateur et le critique indifférents.
Au point de vue local, tout le monde est d’accord pour reconnaître que l’œuvre de Mossa, surtout dans la partie relative à la reconstitution des peintures de l’époque primitive des églises et chapelles de la région, est d’un intérêt documentaire de tout premier ordre.
Très personnel, d’une simplicité un peu rude — et qui n’était, d’ailleurs, pas sans pittoresque — cet artiste fut l’ami jamais infidèle de la vérité et de la sincérité.
Il ignorait les fausses subtilités et les intrigues. Il était également dédaigneux des mièvreries et des outrances.
Vieillard à la taille droite, au regard vif, il savait être de son temps, sans fatuité, mais aussi sans monotonie. A quatre-vingts ans, Alexis Mossa tenait le pinceau d’une main ferme, savait « regarder » avec une vision encore très aiguë et très personnelle.
Bon ouvrier de la peinture, Alexis Mossa laisse, après avoir guidé ses premiers pas d’artiste, un fils qui continue ses traditions de droiture, de simplicité, de vérité, l’excellent imagier Gustave-Adolphe Mossa à qui nous exprimons, ainsi qu’à sa femme, à ses enfants et à tous les siens, nos condoléances émues. »
Le peintre Alexis Mossa meurt à Nice est un texte trouvé dans la revue « L’Éclaireur du dimanche » du 12 décembre 1926.