Monaco manque d’allure raconte l’irritation d’un journaliste lorsque la Principauté a limité la vitesse des automobiles sur son territoire.
Fière allure à Monaco
Dans un article titré « Albert fait des lois » et sous-titré « les chauffeurs à Monaco », un journaliste de « La Presse » se lâche et frise…la sortie de route.
« Est-ce un bill, un ukase, un arrêté, un décret, une loi.
Est-ce au nom du peuple, au nom de la principauté ou pour son bon plaisir ?
Est-ce pour gagner de l’argent, pour gagner du prestige ou de l’autorité ?
Est-ce pour épater M. Loubet, pour instruire l’Amérique ou embêter le monde?
Est-ce par prudence, par bonté ou par tyrannie ?
Est-ce simplement pour utiliser ses forces militaires et policières, la Préfecture de police et la Sûreté générale, les gendarmes et les agents, et l’armée ?
Est-ce pour de temps en temps aussi montrer qu’il est presque le maître chez lui ?
Qu’importe !
Eloge de la lenteur à Monaco
Albert, prince de Monaco, vient de décider que les automobiles ne devaient pas marcher dans les pays sous sa dépendance à une vitesse de …
Cherchez bien !
Ce n’est pas cinquante, ce n’est pas quarante, ce n’est pas trente comme en France, vingt comme à Paris, quinze comme à Gannat, ce n’est pas douze comme aux croisements de rue, onze comme un triporteur qui n’irait pas vite …
C’est dix, dix kilomètres, mesdames et messieurs, dix kilomètres seulement.
Ou bien se dressera devant vous, pour dresser procès-verbal le gendarme échappé des Brigands ou de Geneviève de Brabant ; il y aura, excusez du peu, de la prison et de l’amende…
Prenez donc la peine de vous asseoir. Albert, prince de Monaco veut rigoler !
A la vitesse de dix kilomètres, il faudra, pensez donc, presque vingt minutes pour traverser la principauté… Mais on fait ce qu’on peut, on n’est pas Léopold… Si le prince brandit son code, ce n’est pas pour jouir plus longtemps des automobilistes.
Il a peur de la concurrence… Qu’il se rassure !
La roulette du Casino tuera toujours plus de monde que les automobiles. »
Le texte intitulé Monaco manque d’allure a été publié le 30 décembre… 1901.