Saint-Tropez ave bravade est une histoire qui raconte la fête ancestrale de cette ville de villégiature du Var.
» Dans les Maures, le village de Saint-Tropez continue, chaque mois de mai, à faire trembler ses vieilles maisons avec la pétarade des tromblons de ses bravadeurs.
L’origine exacte de cette bravade, bien malin qui la découvrira.
L’essentiel est de la célébrer et de ne pas manquer d’évoquer par là le passé héroïque de cette petite république de soldats et de marins.
Alors, pendant trois jours, Saint-Tropez en effervescence voit processionner la statue du patron local sur les épaules de mousquetaires empanachés et tricolores, de hussards inconcevables, de marins, de grenadiers fantaisistes, bottés, casqués, galonnés, chargés de plumes, d’épaulettes et d’aiguillettes.
Ayant fait bénir solennellement leurs armes, entendu la messe dans une église éclatante de tambours et de fifres, ils déchargent, des après-midis durant, leurs tromblons bourrés de poudre noire jusqu’à la gueule.
Et dans la fumée qui s’enfle sous le soleil, tourbillonne suivant un rite immuable la longue pique du capitaine de ville, noir et or, superbe comme un amiral du Second Empire.
Elle n’est pas près de mourir celle-là de tradition.
Il faudrait que les Tropéziens aient perdu leur âme.
Songez un peu : la liste de ces capitaines de ville qui se renouvellent chaque année et qu’on choisit parmi les plus purs Tropéziens remonte à 1558. »
Saint-Tropez avec bravade est un texte trouvé dans le « Le Journal » du 20 novembre 1931.