Catastrophe ferroviaire à Roquebrune raconte le choc entre deux trains roulant à pleine allure, l’un vers l’autre,sur une ligne unique.
La catastrophe est vue de Monaco
« La catastrophe ferroviaire qui vient d’avoir lieu,à la frontière monégasque, a un caractère dramatique particulier, car elle s’est accomplie sous les yeux de cinq cents personnes impuissantes à la prévenir.
En effet, la côte, entre le cap Saint-Martin et Monte-Carlo, décrit une courbe telle que la voie entière était sous les yeux des spectateurs.
Cette voie, on le rappelle, est unique entre Monte-Carlo et Cabbé-Roquebrune.
On voyait, alors trois trains avec leurs colonnes de blanche fumée.
L’un, qui allait passer dans le tunnel Saint-Martin et qui ne courait aucun danger.
Le second venait de quitter Cabbé-Roquebrune et s’avançait à toute vapeur contre celui qui s’éloignait de la gare de Monte-Carlo.
On ne peut se faire une idée de l’anxiété qui serra la poitrine des cinq cents spectateurs de cette scène.
D’abord, chacun espéra que la collision n’aurait pas lieu. La côte est à découvert.
Et les deux panaches de fumée continuaient à se rapprocher. Ils ne se voyaient pas.
Impossible d’agir pour éviter la catastrophe ferroviaire
Tout le monde faisait des gestes désordonnés. Une telle impuissance en présence d’un tel péril est faite certainement pour rendre fou.
Enfin le train venant de Menton a vu le danger et renverse sa vapeur.
Mais l’autre, à cause de la courbe, ne voit rien et va toujours.
Ils sont à deux cents mètres l’un de l’autre, à cent mètres, à dix mètres.
Un frémissement horrible secoue La foule. Le choc a lieu.
On voit se dresser les deux trains l’un contre l’autre et, chose horrible deux ou trois wagons franchissant le parapet se précipitent sur les rochers, au bord de la mer.
Une fumée épaisse enveloppe le tout.
De toute part ça crie.
Vingt-cinq ou trente personnes prennent par la voie et arrivent sur le terrain de l’accident.
Rien ne peut dépeindre ce spectacle, il faut avoir vu cela pour s’en faire une idée.
D’abord, des deux wagons tombés d’une hauteur de trente mètres sur les galets et les rochers, il ne reste pour ainsi dire rien.
Chaos sur Roquebrune
Il semble qu’ils aient été réduits en poussière.
Les deux locomotives s’étalent pour ainsi dire enfoncées l’une dans l’autre.
Derrière et au-dessus d’elles, quatre voitures du train de Menton étaient empilées, broyées effroyablement.
Sur la voie même, on se heurte aux blessés.
Mais l’inextricable enchevêtrement de barres de fer, de poutres, de bois, de portières, de toitures, d’essieux, de vitres brisées, rend le sauvetage presque impossible. »
Catastrophe ferroviaire à Roquebrune est un accident qui a eu lieu le 10 mars 1886. La relation provient du journal « L’intransigeant » du 14 mars 1886.