Un journaliste relate sa visite à La dame Roulette de Monaco, « qui ne règne pas moins sur la principauté que la dynastie même des Grimaldi « .
« Autour de la table de roulette, se rencontrent les types les plus divers :
L’Américain, aventureux, hardi, semant les louis et les billets de banque ;
L’Anglais, plus froid, mais tout aussi gros joueur ;
Le Français, plaisantant, narguant la déveine, nerveux quand même ;
La dame sérieuse, âpre au gain, qui perd difficilement une pièce ;
Le professeur qui a un système, et qui ne gagne d’ailleurs jamais ;
La cocotte qui joue à qui perd gagne ;
Les indifférents, qui ne sont indifférents que parce qu’ils ne comprennent pas comment on joue et qu’ils ont peur d’être volés.
C’est un monde curieux à observer et qui se laisse regarder à loisir.
Le jeu l’absorbe si bien qu’il ne se défend pas contre les regards étrangers. On surprend là plus d’un secret qu’on n’aurait jamais soupçonné, sans la complicité du lieu où l’on se trouve.
Règle générale d’ailleurs pas un de ceux qui fréquentent le tapis vert n’est content.
Ceux qui perdent accusent tout le monde et s’injurient eux-mêmes ;
Ceux qui gagnent déplorent toujours de ne pas gagner assez et ne vous parlent que des coups qu’ils ont failli réussir.
Mais qui donc a la prétention de songer à changer la nature humaine ?
Elle est ainsi faite, et telle restera, que la bille de la roulette tombe à Monaco ou ailleurs. »
La dame Roulette de Monaco provient d’un article du journal » La Presse » du 17 avril 1877,