Les joueurs interlopes du casino de Monaco décrit sans indulgence la faune qui fréquente les salles de jeu de la Principauté.
“Les vrais habitués de Monaco se recrutent en grande partie dans la classe innombrable des décavés du commerce, de la finance, de l’industrie et même des professions libérales.
A la suite d’un naufrage, ces individus recueillent les dernières épaves de la cargaison et, armés d’un revolver avec lequel ils sauteront, après la perte du louis suprême, ils vont se précipiter dans l’engrenage des machines perfectionnées dues à l’admirable génie de M. Blanc.
Le notaire en délicatesse avec ses clients, le percepteur en déficit, l’officier en debet, l’avocat et le médecin sans consultations, le bourgeois à la veille de la faillite, l’impressario à bout d’expédients et le gentilhomme dépouillé par une maîtresse, empruntent et parfois dérobent les deux ou trois rouleaux d’or qu’ils ne tardent pas à laisser au tourniquet infernal.
A côté de ces dupes secondaires se montrent quelques grands seigneurs et des banquiers de passage qui perdent galamment un million en une nuit et disparaissent ensuite sans émotion comme sans chagrin. Ce sont de hardis météores qui s’évanouissent dans une pluie d’or, après avoir émerveillé leurs admirateurs et rallumé la cupidité des vagabonds et des écornifleurs.”
Les joueurs interlopes du casino de Monaco sont décrits sans complaisance par Paul d’Orcières dans son roman « Le drame de Monaco », paru en 1878.
Paul d’Orcières était le pseudonyme de l’écrivain Auguste Capdeville.