Danse macabre à Bar-sur-Loup décrit les conséquences funestes d’un bal tenu malgré l’interdiction de l’Eglise.
» On conserve dans la salle de délibération du conseil de fabrique de la petite église du Bar-sur-Loup, dans les Alpes maritimes, un tableau de bois de chêne, haut de 165 cm et large de 126 cm, dans lequel la peinture occupe un peu plus du tiers supérieur de la hauteur.
Le reste est couvert par une inscription provençale comprenant trente-trois vers alexandrins qui renferment un commentaire du tableau.
Bal tragique à Bar
Selon l’historien Alexandre Aubert, « il paraîtrait, d’après la légende représentée dans cette peinture, que M. le comte du Bar, ayant voulu donner un bal malgré les défenses du clergé, un danseur serait mort pendant la fête, et le tableau aurait été peint en mémoire de ce funeste événement. »
Pour rendre l’allusion plus saisissante, dit un autre historien M. Sénéquier, le peintre n’a rien trouvé de mieux que de représenter M. le comte armé du galoubet et du tambourin et remplissant lui-même le rôle de ménétrier.
Un petit diablotin dansant et ricanant sur sa tête donne à lui seul la signification du tableau.
Les cinq couples de danseurs font une ronde et chaque danseur a son diablotin sur la tête comme le comte.
Diablotins à Bar
Mais voilà que la mort survient, sur le devant du tableau, sous la forme traditionnelle d’un squelette, armée de son arc et d’un carquois bourré de flèches, elle attend au passage les infortunés danseurs et les perce à mesure qu’ils passent à sa portée.
Un danseur est déjà étendu raide mort ; trois démons l’entourent ; le premier démon tire de sa bouche son âme sous la forme d’un petit enfant, le second fait pencher sournoisement, à l’aide de sa fourche, le plateau de la balance dans laquelle un ange pèse cette âme ; le troisième enfin plonge la pauvre âme, tête première, dans la gueule béante d’un monstre vomissant des flammes.
A côté du danseur déjà mort, une danseuse tombe, mortellement atteinte en pleine poitrine.
Un autre danseur tombe aussi, mais il faut croire que c’est de peur, car il n’est pas frappé du tout, et la flèche qui lui est destinée est encore sur l’arc tendu de la mort.
Les diablotins de ces deux infortunés sont prestement descendus de leurs têtes sur leurs épaules, et leur ouvrent délicatement la bouche pour en tirer leurs âmes. »
Danse macabre à Bar-sur-Loup, qui décrit un tableau du XVème que l’on peut voir dans l’église de Saint-Jacques-le-Majeur, est un texte tiré de la « Revue des traditions populaires » de novembre 1892.