La malédiction du dolmen de Draguignan est un récit qui reprend une légende du pays varois.
» Les manifestations du culte rendu à la fée Estérelle qui hante le solide dolmen de Draguignan sont d’origine druidique : la fée Estérelle était, en effet, invoquée pour favoriser la fécondité des femmes auxquelles on faisait absorber un électuaire à base de gui.
Le dolmen de Draguignan a donné naissance à une ravissante légende : La fée Estérelle était une fée un peu folle, qui adorait faire des malices aux gens, mais jamais avec méchanceté.
Un de ses amusements favoris était de se déguiser en bergère.
En gardant ses blancs moutons, elle chantait des mélodies, s’accompagnant sur un rebec.
Naturellement, ses chansons étaient extraordinaires et telles qu’on en avait jamais entendu de semblables, de mémoire d’homme.
Un matin de printemps, passa sur le chemin un élégant seigneur, qui, fatigué de traquer le sanglier, s’était éloigné de la chasse.
Intrigué par la voix enchanteresse, il s’approcha, et aperçut la fée dont il devint incontinent amoureux.
lI demanda la pastourelle en mariage. Celle-ci y consentit, mais à la condition que leur hymen serait célébré sur une table formée par trois pierres monumentales qu’elle lui désigna.
Le jeune seigneur se mit en devoir de remuer les rocs monstrueux et réussit à dresser les deux pierres qui devaient soutenir le plateau de la table. Mais il ne put parvenir à soulever la troisième sur les deux premières.
Comme la nuit tombait, la bergère le congédia, et, dès son départ, d’un coup de sa baguette, termina I’oeuvre entreprise.
Lorsque, le lendemain, le beau cavalier vit la table édifiée, il questionna sa fiancée qui lui apparut alors sous sa véritable forme.
Mais la fée Estérelle ne devait pas se réjouir longtemps, car, à son aspect magique, le seigneur tomba mort à ses pieds.
Une prophétie lui ayant appris qu’il mourrait s’il aimait une personne plus puissante que lui, il avait cru pouvoir sans danger épouser une pastourelle.
Désespérée, Estérelle disparut du lieu qui avait vu finir tragiquement ses amours.
Tout porte à croire qu’Estérelle hanta, dans le Var, les gorges d’Ollioules appelées autrefois : Les Vaux d’angoisse. »
La malédiction du dolmen de Draguignan est un texte trouvé dans le « Bulletin de l’Académie du Var » de 1953.