Le tueur de bergers du Var

par JMS
Le tueur de bergers du Var

Le tueur de bergers du Var est un récit qui raconte la dérive meurtrière d’un braconnier avide d’argent.

” Hier, Giuseppe Sasia avait avoué deux crimes : celui de Verignon, où fut tué le chauffeur Gianni Galliano, celui d’Ampus, qui provoqua la mort du berger, Félicien Rouvier.

Sasia a fait le récit du meurtre du berger d’Ampus au brigadier Bouchet. Il concorde presque exactement avec les résultats de l’enquête policière.

Serial killer dans le Var

Il n’en est pas de même pour la tragique embuscade de Verignon.

Laissons parler Sasia :

— J’étais parti de chez moi, dans la direction d’Ampus et de Verignon, pour tuer la première personne que je rencontrerais : berger, chasseur, ouvrier, etc, peu m’importait.

J’ai construit le poste à feu sur le bord de la route et j’ai attendu.

Ce fut le camionneur qui passa le premier. Je me débrouillai pour qu’il mit pied à terre. Puis, comme le jeune homme examinait les alentours, je l’abattis de deux coups de fusil.

Après ces aveux, le braconnier se renferma dans un sombre mutisme ; pressé de questions, il devait, aujourd’hui, avouer trois autres meurtres.

Ainsi, ce ne fut qu’après de terribles efforts que les enquêteurs purent avec satisfaction entendre le bandit murmurer :

Eh bien, oui, c’est moi qui ai tué l’homme du sentier de Flayosc.

Comment cela, demandèrent les gendarmes.

J’avais besoin d’argent. Je savais que les habitants des fermes du Plan-de-Flayosc empruntaient un certain sentier pour aller faire leurs achats au hameau de Villars, éloigné de trois à quatre kilomètres.

Sur ce sentier, je dressai un abri de branchages et j’attendis que quelqu’un vienne à passer.

Enfin, je vis venir un vieillard tout blanc. Il portait un sac sur son épaule et il peinait.

Je l’ajustai soigneusement. Puis, lorsqu’il fut à bonne portée, je le descendis de deux coups de fusil.

Je le fouillai : il n’avait que dix francs sur lui.

J’emportai le sac plein de pain et regagnai mon cabanon. C’était au soir du 6 août dernier.

Devant un nouveau silence de Sasia, les gendarmes amenèrent en voiture l’assassin à quelques kilomètres de là, devant la maisonnette où fut tué le chef graisseur Vassal.

Il était une heure du matin. Lorsque le groupe d’hommes encadrant le bandit arriva devant le bastidon, Sasia, étonné de se trouver en un tel lieu, ne put y tenir et s’écria :

Oui, c’est là que j’ai tué Vassal.

Ramené à la caserne de gendarmerie, Il compléta ses aveux en disant :

C’était un jour où j’avais besoin d’une certaine somme. Je partis avec mon fusil pour tuer quelqu’un. Passant devant la bastide, j’ai aperçu Vassal qui reposait à l’ombre d’un buisson.

J’ai attendu longtemps pour voir s’il était endormi. Puis, je l’ai visé, tiré, et, sur son cadavre, j’ai pris 1S0 francs et une montre.

A mort

Ainsi, Sasia venait, en quelques heures, de reconnaître avoir tué quatre fois depuis avril 1934.

A 8 heures, hier matin, une forte automobile venait se ranger devant les locaux de la gendarmerie nationale, à Vidauban.

La porte s’ouvrit, et l’apparition de Sasia, enchainé solidement, fut saluée par les cris de : « A mort ! » venus d’une foule qui attendait depuis de longues heures. Poussé rapidement dans l’automobile, le bandit était, quelques instants après, mis à la disposition du parquet de Draguignan et enfermé dans une cellule.

Au cours du long interrogatoire qu’a subi Sasia, il lui fut souvent demandé :

Qu’as-tu fait de l’argent que tu volais ?

Et lui de répondre : — Je le plaçais chez une femme qui tenait mon bar à Draguignan.

Nous avons, à notre tour, questionné tous ceux qui ont connu le criminel. Ils nous ont affirmé que, maintes fois, Sasia leur avait parlé d’un bar situé près du marché, à Draguignan, établissement dans lequel il aurait placé, d’après ses propres dires, de fortes sommes.

Ce café, nous ont dit nos informateurs, est tenu par une femme, belle et solide gaillarde, qui aurait fait tourner la tête à Sasia et lui aurait pris son argent au fur et à mesure qu’il s’en procurait.”

Le tueur de bergers du Var est un texte trouvé dans le journal “Le Petit journal” du 8 décembre 1934.

Giuseppe Sasia sera exécuté le 17 février 1936 devant la prison de Draguignan.

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