Le prisonnier de Monaco raconte la légende de la création de la prison à Monaco et de ses dépenses de fonctionnement.
Pas de prison à Monaco
Un particulier avait été condamné à trois ans de prison par le tribunal local de Monaco.
Le ministre de la Justice, garde des sceaux, qui était en même temps président du tribunal, greffier et geôlier, va trouver le prince et lui dit :
— Altesse, nous avons un condamné. Où faut-il le mettre ?
— N’y a-t-il dans ma capitale aucun monument qui puisse servir de prison ?
— Il y a l’ancien couvent des Augustines dans lequel on peut aménager une chambre basse, mais il faut une porte solide et un verrou.
— Qu’on les pose !
— Puis il faudra nourrir le prisonnier. „
— Et combien cela coûtera-t-il ?
— Voilà le devis : Maçonnerie, 200 francs ; serrurerie, 50 francs ; habillement du condamné, 100 francs par an ; nourriture, 25 francs par mois.
Le prisonnier doit quitter Monaco
— Ah ! ma foi ! dites-lui de s’évader.
Le ministre de la Justice, garde des sceaux, président, greffier et geôlier, va trouver sa victime et lui dit :
— Son Altesse Sérénissime consent à vous laisser partir.
— Mais je ne veux pas m’en aller, riposte le criminel, le climat de ce pays est indispensable à ma santé; vous m’avez flétri, il faut subir les conséquences de votre jugement. J’entends être logé et nourri ici pendant trois ans.
Le prince s’étant énergiquement refusé à faire les frais de la geôle, on put assister à ce spectacle curieux :
Un homme se promenant du matin au soir, en fumant sa pipe, demandant aux étrangers quelques sous pour le pain de chaque jour, et heureux de son sort qu’il ne veut pas changer.
Cet homme, libre comme l’air, c’était le prisonnier de Monaco !
La légende est amusante. Depuis, à la suite des conventions passées entre la France et la principauté de Monaco, les sujets monégasques ou autres condamnés pour délits quelconques par les tribunaux de la principauté, subissent leur peine en France.
Le prisonnier de Monaco est issu d’un numéro du « Journal du dimanche » de 1855.