Écusson allemand au Carnaval de Nice est un nouvel épisode du feuilleton de Passion Riviera sur les Mystères du Carnaval de Nice.
” Cinq chars importants entrèrent en ligne en 1874.
On retiendra surtout le « Char de la Paix », conception allégorique d’une riche exécution.
La paix trônait au milieu d’une terrasse sur laquelle figuraient tous les peuples de l’Europe.
Jean Cuggia au Carnaval de Nice
M. Jean Cuggia, entrepreneur de menuiserie, construisit ce char en société d’une douzaine d’entrepreneurs niçois, animés par le désir de contribuer à l’attrait de nos fêtes.
M. Cuggia nous a expliqué l’idée qui inspira son projet.
La France était sortie de la guerre meurtrie et vaincue. Elle pansait ses plaies avec succès, grâce à la paix revenue.
Ce char était un hommage à la paix bienfaisante ; il confondait dans une cordiale entente, sur sa luxueuse plate-forme, quarante nations fastueusement représentées par les sociétaires et leurs familles.
Les organisateurs étaient les mêmes qui, l’année suivante, édifièrent le mémorable char des Chauves-Souris ou Ratapignata.
Aujourd’hui, tous sont décédés, excepté M. Jean Cuggia, l’ingénieur-constructeur des grandes tribunes de la place de la Préfecture en 1891.
M. Jean Loue, qui est un fervent des choses de Nice, nous a fait connaître un détail assez curieux sur le char de la Paix.
Facétie allemande au Carnaval de Nice
La base du char était entourée d’une toile décorée de peintures artistiques qui reproduisaient les écussons des quarante nations représentées sur la plate-forme.
Le char avait été construit sur un terrain vague qui forme aujourd’hui l’île qui sépare le Lycée de Garçons de la place des Platanes, aujourd’hui place Wilson.
Le jour de la deuxième sortie du char, on s’aperçut avec stupéfaction que dans le courant de la nuit, un Allemand sans doute, s’était introduit sous le hangar abritant le char et avait réussi, sans éveiller l’attention du gardien, à ficeler solidement un écusson où figuraient les armes de l’Allemagne victorieuse et un volumineux bouquet de fleurs.
Cette insistance farouche à nous rappeler les jours tristes de la défaite dans un moment de joie oublieuse qui associait symboliquement toutes les nations dans un hommage à la paix, dénonçait un sentiment mal réfréné de provocation.
Les organisateurs qui étaient de bons Niçois et d’excellents Français — c’était en ce temps-là un titre de courage et une qualité de loyalisme — firent enlever le bouquet et disparaître l’écusson.”
Écusson allemand au Carnaval de Nice se poursuit avec l’épisode « Les batailles de fleurs du Carnaval de Nice » du feuilleton de Passion Riviera sur les Mystères du Carnaval de Nice.