Les 21 chiens de l’écrivain d’Antibes est une histoire qui décrit la villégiature d’Adolphe d’Ennery.
» C’est là qu’habite Adolphe d’Ennery, le père des Deux Orphelines, l’intelligent auteur de tous ces drames qui ont fait arroser la scène parisienne des larmes les plus populaires.
Devant cette villa des Chênes verts à Antibes et la terrasse qui l’entoure, on voit se dévoiler toute la perspective du golfe Juan, et se dresser à l’horizon les contreforts des Alpes qui s’abaissent par des pentes harmonieuses et douces pour aller gagner la Méditerranée.
Quel charmant accueil ! Cette maison n’est pas maison close, et les vingt et un chiens qui l’habitent avec le maître et la maîtresse de la maison, ont les mœurs et la voix hospitalières auxquels ils ont été dressés dès leur berceau.
Parmi cette meute, il est des molosses énormes, puissants comme des ours, et des simulacres de carlins gros comme des rats.
Heureusement le silence est à l’ordre du jour, sans cela il serait impossible de s’entendre.
La maison d’Antibes est peuplée de bibelots précieux, de chinoiseries et de tapisseries merveilleuses.
Les chênes verts, qui sont l’orgueil de d’Ennery et dont il conçoit plus d’amour-propre que de ses meilleures créations, sont centenaires, et couvrent de leurs troncs noueux et de leurs branches tourmentées par le vent, toute la déclivité du terrain depuis la maison jusqu’au jardin potager, qui s’étend au loin dans la plaine.
En bas, une serre magnifique, où de grands bananiers étalent leurs larges feuilles, ainsi que les cocotiers, les palmiers à raquettes, et les opulentes fleurs et plantes des tropiques.
A l’autre bout une bibliothèque richement garnie, puis les jeux rêvés pour consoler de la pluie, plus même une grande table de roulette aménagée comme celles de Monte-Carlo, sur laquelle la petite boule saute pour cinq sous avec le même empressement et le même feu qu’elle met autre part à sauter pour six mille francs. »
Les 21 chiens de l’écrivain d’Antibes est un texte extrait du livre « La comédie de notre temps » de Bertall, publié en 1874-1876.