Folle équipée entre Nice et Vence-épisode 6 raconte le voyage ubuesque accompli par un voyageur qui cumule les désagréments.
» Nous heurtons à l’huis et, finalement, une voix caverneuse sortant de derrière les volets clos d’une fenêtre du premier étage nous demande sans aménité ce que nous voulons ?
M. le chef de gare, dis-je, car c’est évidemment vous qui êtes derrière ces jalousies, vous n’ignorez certainement pas que nous avons contre notre gré manqué la correspondance avec votre ligne et, comme vous avez là une automotrice, nous vous prions de nous faire conduire à Vence.
Impossible, répondit la voix caverneuse, c’est contre les règlements !
Nous insistâmes, mais en pure perte, car la voix caverneuse ne se fit plus entendre.
Abandonnés entre Nice et Vence
Résultat : nous étions là une cinquantaine de voyageurs jetés sans le moindre égard sur une route poudreuse, sous un soleil de plomb, l’estomac criant famine, et sans moyen de nous rendre là où nous étions attendus !
« Wonderful country ! » dit un couple anglais qui était parmi nous. J’avoue que comme Français je ressentis vivement la cinglante ironie de cette réflexion étrangère.
En effet, pays étonnant où un tas de braves gens s’imaginent ingénument que les tramways sont faits pour marcher et arriver à l’heure !
J’ajouterai, pour être exact jusqu’au bout, car, ne l’oublions pas, il s’agit ici d’une histoire vraie, quelques-uns d’entre nous furent assez favorisés du hasard pour rencontrer une auto vide dont le chauffeur voulut bien, surprise agréable, nous transporter à Vence à un prix abordable.
Je pourrais encore vous parler des délices du retour, mais ce serait trop long, et ce sera pour une autre fois. »
Folle équipée entre Nice et Vence-épisode 6 est le dernier épisode de ce voyage onirique. Nous étions en …1921.
Ce voyage invraisemblable entre Nice et Vence est raconté par Pierre Detouche dans le numéro du 19 juin de la revue « L’Eclaireur de Nice ».