Vingt pour sang à Nice est une histoire qui raconte le meurtre d’un agent immobilier.
« J’ai tué l’homme en légitime défense. »
Imperturbable et apparemment en possession de ses sens, M. Jean Barès, millionnaire septuagénaire, philanthrope et réformateur de l’orthographe, a donné cette explication de son geste d’hier lorsqu’il a abattu M. de Clinchamps, un agent immobilier.
Litige sur une commission
Il lui reprochait d’avoir tenté d’extorquer 20% de commission sur une maison que M. Barès voulait vendre.
M. Barès, qui habite la Villa Fleury, au quartier Saint-Sylvestre de Nice, et qui est invalide, était dans son lit lorsque l’agent vint le voir avec l’acheteur potentiel.
M. de Clinchamps dit qu’il était prêt à donner à M. Barès le prix demandé pour sa maison, c’est-à-dire 400 000 francs, mais que, l’acquéreur étant disposé à offrir 500 000 francs, il garderait 100 000 francs pour lui-même en tant que commission.
Il s’apprêtait à rédiger un contrat en ce sens lorsque le malade, qui avait deux fusils de sport chargés à son chevet, a tiré sur l’un d’eux, blessant l’agent à la main.
L’acheteur a sauté sur le propriétaire alors qu’il tirait un deuxième coup, le détournant.
Cependant, lorsque M. de Clinchamps se précipita vers la porte pour chercher du secours, M. Barès tira à nouveau, blessant cette fois l’agent mortellement.
Plus tard, M. Barès fut arrêté et conduit à l’infirmerie de la prison en raison de son état de santé.
Il expliqua à la police que M. de Clinchamps avait essayé d’obtenir plus que ce qui était dû en commission, et il n’avait fait que justice.
L’acteur principal de cette tragédie a eu une carrière remarquable.
Un étrange meurtrier
Né en 1847, il quitte la France immédiatement après son service militaire pour faire fortune en Argentine.
Là, il devint éleveur de bétail et, après quelque temps, il revint à Paris avec plusieurs millions.
Pendant de nombreuses années, il vécut à Paris, où il fonda un journal intitulé « Les Réformistes », dans lequel il prônait une orthographe réformée, l’amour libre, la séparation de l’Église et de l’État, l’intéressement industriel et l’impôt sur le revenu.
Il est venu habiter à Nice en raison de son état de santé. »
Vingt pour sang à Nice est un texte traduit du journal « The New York Herald » du 9 avril 1923.
Dans le « Journal des débats politiques et littéraires » du 18 juin 1923, on pouvait lire cet entrefilet :
« M. Jean Barès, fondateur du journal « Réformiste », qui tua, le 7 avril dernier, à coups de fusil, un agent de location de Nice, M. de Clinchamp, est mort hier à l’hôpital Saint-Roch où il avait été transporté après son arrestation ; il était âgé de 80 ans. »
A Nice, Il y a une avenue Jean Sébastien Barès et un descendant de M. de Clinchamps cherche à faire débaptiser cette rue.