Terrain lourd à Nice est un récit qui raconte les journées passées sur l’hippodrome de la ville.
” Au premier rayon de soleil, tous les fiacres ont mis des grelots ; on n’entend dans toute la ville que des claquements de fouet, des galopades de chevaux et des cris joyeux.
Cette année, on a ajouté une journée de réunion aux courses de chevaux ; au lieu de trois, il y en a quatre.
La route de l’Hippodrome est adorable ; encaissée entre deux haies d’ajoncs, elle est battue, du côté gauche, par le flot court et régulier de la Méditerranée, et, du côté droit, on voit dans un horizon tout ensoleillé se détacher les hautes montagnes de l’Estérel, aux cimes blanches de neige.
L’Hippodrome de Nice, le long du Var, est en assez mauvais état, et les chevaux risquent fort de s’enfoncer jusqu’aux genoux.
Peu importe, on courra tout de même ; le public s’abritera comme il pourra, le vent ayant fait sauter les quatre planches dont se composaient les tribunes.
Comme chaque année, le sport y est, en effet, peu intéressant ; un tout petit nombre de chevaux prennent part à la lutte qui n’est amusante que par les nombreuses chutes causées par le terrain détrempé.
Nécessairement, il est arrivé beaucoup de monde ; peut-être point la fine fleur du Faubourg, mais de ce monde des courses qui tripote, crie, hurle, joue, mange et boit bruyamment, avec accompagnement de haridelles qui galopent.
C’est amusant, si l’on veut ; les restaurants sont encombrés ; pour aller à Monaco, les wagons regorgent de monde ; l’Anglais domine cette année dans une proportion considérable ; le public des courses parle anglais par chic ; il n’est ni spirituel ni drôle ; mais, comme il s’agite énormément, il en résulte une certaine animation.
A l’occasion des courses, M. le préfet de Nice a donné un bal.”
Terrain lourd à Nice est un texte trouvé dans la revue “La Vie parisienne” du 20 janvier 1883.