Toutous dans les égouts de Nice relate l’utilisation de chiens pour nettoyer les canalisations du réseau d’assainissement de la ville.
« Récemment, je révélais qu’à Nice on emploie pour le nettoyage de canalisations d’égouts de petit diamètre des chiens à long poil, que l’on y fait passer comme un goupillon dans un verre de lampe.
Les égoutiers de Nice sont des chiens
J’avais entre les mains des photographies qui montraient ces malheureuses bêtes après le travail, le poil collé et luisant, et je n’avais pas caché ma révolte devant cette dégoûtante coutume.
Cette indignation fut partagée par un certain nombre de lecteurs, qui eurent la bonté de m’en faire part.
L’un d’eux, écœuré, m’écrivit qu’il comptait demander des éclaircissements au maire de Nice.
La réponse qu’il a reçue de celui-ci est édifiante ! ̃
Exploitation de 10 chiens à Nice
En effet, ils sont dix « braves toutous » employés à cet infâme service, et voilà vingt ans que cela dure.
Les chiens choisis doivent être robustes et de très petite taille.
Leur recrutement s’opère principalement parmi les chiens errants capturés conduits à la fourrière et non réclamés par leur propriétaire.
Ils sont affectés au service d’entretien des canalisations en grès, dont le diamètre intérieur varie de 30 à 40 cm et descend dans certains cas à 25 cm. Ils sont de service un jour sur trois.
Leur tâche consiste à parcourir les canalisations entre deux regards consécutifs en traînant après eux un très léger septain de chanvre au moyen d’une bride dont ils sont munis.
Ce septain de chanvre est ensuite utilisé pour haler un câble métallique, auquel est accroché l’écouvillon, qui assure seul le nettoyage de la canalisation d’égout.
M. le maire ajoute qu’ils sont très bien soignés, ravis de leur sort et parfaitement heureux.
Ah que l’on respire en entendant ce témoignage désintéressé !
Et l’on comprend l’enchantement des « braves toutous » à qui l’on n’a pas manqué, j’imagine, de donner à choisir entre la vivisection et le nettoyage des égouts.
Abandon de
Une pratique indigne de Nice
Cependant cet idyllique tableau n’a pas satisfait mon distingué et difficile correspondant, qui a répondu au maire :
« Le moins que je puisse vous dire est que votre lettre soulève ma profonde indignation.
Vous ne semblez pas comprendre que ce chien, qui ne traîne que bien peu de chanvre après lui, dites-vous, commence par nettoyer lui-même le conduit dans lequel vous l’introduisez.
J’estime ces manœuvres répugnantes et véritablement peu dignes d’une ville comme Nice.
Si elles étaient connues des étrangers, elles soulèveraient une indignation générale qui ne pourrait pas être très favorable à votre propagande ».
Pour finir, ce monsieur annonce son intention de s’adresser aux pouvoirs publics.
On souhaiterait que la municipalité de Nice, puisqu’elle est maintenant avertie, mit fin de bonne grâce et sans tarder, à une pratique indéfendable.
Elle y gagnera la paix, car elle peut être assurée que l’affaire n’en restera pas là.
On n’est pas quitte envers un chien, quand on lui octroie une pâtée confortable après l’avoir employé à une besogne immonde. »
Toutous dans les égouts de Nice est un extrait du journal « Le Figaro » du 29 octobre 1931.