La tour du brigand au Cannet raconte l’histoire amusante à l’origine de la dénomination de cette ancienne construction de la Riviera
La tour du Brigand au Cannet raconte comment ce nom a été donnée à cette construction par un anglais.
« J’ai promis de faire savoir d’où était venu le nom terrible de maison du brigand donné à cette tour.
La vérité sur la tour du brigand
Je tiens cette anecdote du propriétaire de la maison attenante à la tour, lequel propriétaire avait été témoin du fait que je vais raconter.
Plusieurs années après que Lord Brougham eut fait connaître au monde entier la jolie ville de Cannes, l’un des nombreux Anglais qui venaient, pour la première fois, y passer la mauvaise saison, fit une petite promenade sur l’ancien chemin du Cannet et s’arrêta devant la vieille tour des Danis qui termine ce hameau.
Il interrogea une femme âgée qui, assise sur la dernière marche de l’escalier délabré de la tour, filait tranquillement sa quenouille aux doux rayons du soleil matinier.
— « Quelqu’un demeure-t-il dans cette tour ? »
Bien que la bonne femme n’entendait guère le français, elle répondit :
— « Maintenant non, il n’y a plus personne ; mais il y demeurait naguère un brigand d’homme que l’on appelle Agnelin. »
— « Un brigand, dites-vous ? »
— « Oui, un ivrogne, venu d’Italie »
Brigand ou pas brigand ?
De toute cette conversation, notre Anglais n’avait compris et ne retint que le mot brigand ; et, prenant ce mot dans son acception rigoureuse, sans se douter le moins du monde que, dans la pensée de son interlocutrice et conformément à l’usage local, l’expression « un brigand d’homme » signifie tout simplement un vaurien, ou encore un vagabond, un homme de rien.
Le fils d’Albion, rentré à Cannes, raconta à ses compatriotes la découverte qu’il venait de faire au Cannet, d’une tour extrêmement curieuse, appelée la tour, ou maison du brigand par les habitants de ce village.
Ainsi, paraît démontré de nouveau ce fait, qu’aujourd’hui comme jadis, un mot mal interprété suffit pour substituer la légende à la vérité. »
Et c’est pourquoi la tour des Danis est ainsi devenue la tour du Brigand.
La tour du brigand au Cannet est une relation écrite en 1879 par Antoine-Léandre SARDOU, majoral du Félibrige.